L’athlétisme suisse affiche des ambitions élevées avant les Européens en salle d’Istanbul qui démarrent jeudi. Avec Mujinga Kambundji sur 60 m, Jason Joseph sur 60 m haies et Simon Ehammer à l’heptathlon, il aligne même trois favoris logiques.
La Bernoise, avec 7’’03, le Bâlois, avec 7’’44, et l'Appenzellois, avec 6292 points, possèdent tous trois la meilleure performance européenne de la saison. Les deux premiers l’avaient réalisées respectivement le 18 et le 19 février lors des championnats de Suisse à St-Gall, confirmant ainsi leur montée en puissance. Le troisième avait frappé fort dès la fin janvier à Aubière en France.
Joseph en progrès constants
Mujinga Kambundji (30 ans), qui co-détient la 5e performance de l’histoire (6’’96) depuis les Mondiaux 2021 de Belgrade où elle s’était parée d’or, et Simon Ehammer (23 ans) ont déjà fait mieux dans leur carrière. Jason Joseph (24 ans) suit, quant à lui, une courbe ascendante et impressionnante cet hiver: son meilleur chrono était simplement de 7’’57 avant le début de cette saison en salle.
Mais si la championne d'Europe du 200 m et le vice-champion du monde de l'heptathlon en salle ont déjà prouvé à maintes reprises leur capacité à briller à l’instant T et sont des valeurs sûres, le Bâlois est toujours en quête d’un premier exploit dans l’élite. Quatrième des Européens en plein air l’été dernier, le champion d’Europe M23 2019 du 110 m haies est toutefois mûr pour un premier coup d’éclat chez les «grands». Sera-ce pour dimanche?
Werro en joker
La Suisse a trois atouts majeurs à abattre, mais elle possède d’autres cartes maîtresses dans son jeu. Surprenante médaillée de bronze sur 100 m haies aux Européens 2022, Ditaji Kambundji (20 ans) a poursuivi sur sa lancée en salle. Avec 7’’81, la sœur cadette de Mujinga possède le 2e meilleur chrono parmi les engagées. Mais sa discipline ne pardonne pas la moindre erreur, comme elle l'avait constaté lors des Mondiaux 2022 en salle avec une chute en finale.
La prodige fribourgeoise Audrey Werro fait également partie des candidates au podium. La vice-championne du monde M20 du 800 m affiche le 3e chrono européen grâce à ses 2'00''57 réalisés début février. A même pas 19 ans – elle les fêtera le 27 mars -, elle est néanmoins encore un peu tendre lorsqu'il s'agit de jouer des coudes dans la dernière ligne droite. Ce n'est en revanche pas le cas de la Valaisanne Lore Hoffmann (2'01''40 en 2023), qui a les moyens d'effacer sa déception des Européens en plein air 2022 (4e place).
Mancini rêve de finale
Sacrée en 2021 à Torun lors des derniers Européens en salle, Angelique Moser se contentera quant à elle d'un rôle d'outsider en Turquie. Avec «seulement» 4m50 franchis cette saison, la Zurichoise est restée bien loin des 4m75 qui lui avaient permis de conquérir l'or en 2021. Le constat est le même pour le Vaudois Loïc Gasch, étonnant vice-champion du monde en salle à la hauteur en 2022 mais qui n'a pas fait mieux que 2m20 cet hiver.
Outre Audrey Werro, Lore Hoffmann et Loïc Gasch, quatre autres Romands seront en lice à Istanbul. Le Fribourgeois Pascal Mancini (33 ans) peut rêver de finale sur 60 m, lui qui détient le 9e chrono parmi les engagés. Mais il devra certainement améliorer son tout frais record de Suisse (6''58) pour espérer jouer les médailles.
Les Vaudoises Sarah Atcho et Melissa Gutschmidt, respectivement 11e (7''21) et 17e (7''26) dans l'Entry List sur la même distance, voudront, quant à elles, prouver que Swiss Athletics a fait le bon choix en les retenant. Quant à la Jurassienne Bernoise Joceline Wind (22 ans), 19e des engagées sur 1500 m, elle est avant tout là pour apprendre.
Une série à poursuivre
Avec de tels atouts au sein d'une délégation qui comprend 23 noms, Swiss Athletics a donc de quoi se montrer serein. Sa belle série devrait logiquement se poursuivre: depuis 2014 et le sacre de Kariem Hussein sur 400 m haies lors des Européens en plein air de Zurich, l'athlétisme suisse a remporté chaque année au moins une médaille d'or sur la scène internationale (Mondiaux et Européens, outdoor et indoor confondus), à l'exception, bien sûr, d'une année 2020 où le Covid-19 avait provoqué l'annulation de tous les grands rendez-vous.