Route du Rhum Un skipper raconte : «C'était magique, limite flippant»

AFP

12.11.2022

Deux nuit «sans fermer l’œil» à éviter bateaux et rochers: l'un des 138 skippers de la Route du Rhum, Guirec Soudée (30 ans), à la barre de son premier Imoca, livre à l'AFP le deuxième volet du carnet de bord de sa transatlantique.

La Route du Rhum bat son plein.
La Route du Rhum bat son plein.
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"Pour moi c'était le plus beau des départs. Après le retard de trois jours, j'avais vraiment envie de prendre le large donc quand on s'est retrouvé sur cette ligne, sous le soleil, avec 138 bateaux. C'était magique, limite flippant...

Je me suis rapidement retrouvé à la bouée du Cap Fréhel juste à côté de deux concurrents qui se sont rentrés dedans (le Japonais Kojiro Shiraishi qui a depuis abandonné et le Suisse Olivier Heer, NDLR), j'ai cru rêvé. Cela m'a fait énormément de peine. Pour eux, pour les voiliers. Il y en a un qui avait un trou énorme. C'est difficile, car avec tout ce monde à l'eau et toutes ces manœuvres à faire pour changer de direction, on n'a pas le droit à l'erreur.

Moi, ce qui me fait peur c’est de casser, de pas pouvoir terminer cette Route du Rhum, parce que mon objectif c'est d'atteindre l'autre côté de l'Atlantique avant tout. Cela me rend un peu paranoïaque. Du coup, les deux premières nuits ont été un peu stressantes.

Quand le bateau fait du rodéo

J'ai longé la côte au nord de la Bretagne, il fallait à chaque seconde faire attention au fond, éviter les rochers et les autres voiliers, espérer ne pas se prendre de casiers de pêche, car on y voyait plus rien. Je n'ai pas fermé l’œil. Si tu ne fais pas attention, l'impact peut être très, très violent.

Cela fait 2 jours que je suis au large, on atteint le Cap Finisterre et je suis heureux. Pourtant les conditions ne sont pas forcément évidentes, j'ai eu du vent de 30,35 nœuds (65km/h) de face, le bateau a fait beaucoup de rodéo. Mais j'ai des dauphins qui sautent à l’arrière du voilier, je suis pieds nus, il y a du soleil, je n'ai pas à me plaindre.

Au classement, je suis pas mal (3e des Imoca, au pointage vendredi à 18h, NDLR) mais pour l'instant cela ne veut rien dire car les écarts sont très serrés et il y a un paquet de bateaux derrière qui ont les crocs. Moi, Je suis surtout là pour prendre du plaisir et c'est ce qui se passe depuis le début."