Un sportif peut-il être positif lors d'un contrôle antidopage à cause d'un simple et bref contact sur la peau? C'est ce qu'affirme le journaliste allemand Hajo Seppelt dans un documentaire diffusé samedi sur la chaîne allemande ARD, à partir d'une expérience menée à l'Université de Cologne.
Journaliste d'investigation ayant révélé une partie du scandale de dopage dans l'athlétisme russe fin 2014, Hajo Seppelt s'est penché cette fois-ci, à l'inverse, sur des sportifs contrôlés positifs à une substance interdite, mais qui ont par la suite été blanchis.
Et il en vient à se poser la question: peut-on, par un acte de malveillance, contaminer un rival simplement en le touchant, par une poignée de main ou une tape amicale, sans que le sportif s'en aperçoive? Et cela peut-il aboutir à un contrôle positif?
Quatre anabolisants
Pour tenter de trouver une réponse, une équipe de chercheurs de l'Université de Cologne a recruté 12 hommes âgés de 18 à 40 ans. Avec une quantité suffisamment faible pour qu'il n'y ait pas de risque pour leur santé, les douze participants ont été exposés jusqu'à quatre anabolisants, par un bref contact sur la peau: sur la paume de la main, le dessus de la main, la nuque et le bras.
Les participants ont ensuite donné des échantillons d'urine une et six heures après le contact, puis tous les jours jusqu'à quatorze jours après le contact. L'expérience a été approuvée par le comité éthique de l'Université de Cologne et le directeur d'étude, Martin Jübner, souhaite faire publier les résultats dans une revue scientifique.
Résultats édifiants
Le laboratoire antidopage de Cologne, agréé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) et mondialement reconnu, a procédé à l'analyse et les résultats sont édifiants: les échantillons une heure après le contact de certains participants révèlent la présence d'anabolisants. Des traces de substances interdites ont été détectées chez tous les participants un jour après le contact et dans les quatorze jours qui ont suivi.
Au total, 222 analyses d'échantillons ont détecté la présence dans l'urine de l'une des quatre substances interdites utilisées dans l'expérience. «Si ces échantillons avaient concerné des sportifs, selon toute vraisemblance, ils auraient abouti à un contrôle positif. On aurait alors ouvert une procédure pour infraction aux règles antidopage qui aurait dû être sanctionnée», a déclaré Mario Thevis, directeur du laboratoire antidopage de Cologne, dans le documentaire.