Milan-San Remo s'ouvre samedi à la convoitise des puncheurs et des sprinteurs. Au programme, une 111e édition reportée de cinq mois avec un parcours nouveau et une météo différente pour la première grande classique de la saison cycliste.
Trente degrés, c'est ce qui attend le peloton des 27 équipes, deux de plus que d'habitude avec, pour conséquence, un coureur de moins par formation. «Les températures seront beaucoup plus élevées qu'en mars», souligne Valerio Piva, le directeur sportif de CCC (Van Avermaet, Trentin), qui prévoit: «Les coureurs n'ont que quelques jours de course dans les jambes, donc une course de 300 kilomètres sera très exigeante.»
Rallongé de 8 kilomètres pour frôler en effet le seuil des 300 kilomètres (plus un transfert à vélo de 10 km dans les rues de Milan!), le parcours suit une ligne plus à l'ouest que le tracé classique. Il rejoint le front de mer à seulement 36 kilomètres de l'arrivée pour un final identique avec les deux derniers tremplins que sont la Cipressa et le Poggio, deux collines surplombant le littoral.
Les sprinteurs à la fête?
Qui gagne au change? Davantage que le parcours, le facteur météo risque de peser et les sprinteurs, privés de victoire depuis le succès d'Arnaud Démare en 2016, ont toujours leur mot à dire malgré la perte d'un équipier pour les aider. Comme, l'Australien Caleb Ewan, ouvertement ambitieux («je suis en confiance»). Mais le deuxième de l'édition 2018 redoute le vent favorable qui contrarierait ses plans au contraire de son coéquipier Philippe Gilbert, vainqueur dans sa carrière de quatre des cinq «monuments». Il ne manque au Belge que la «classicissima»!
Le Français Arnaud Démare, en forme resplendissante au vu de son sprint mercredi dans Milan-Turin, rayonne de confiance («je me sens fort») quatre ans après son succès. Bien qu'offrant moins de garanties jusqu'à présent, l'Irlandais Sam Bennett, l'Italien Elia Viviani, le Colombien Fernando Gaviria, l'Australien Michael Matthews sont eux aussi concernés. Et, plus encore, le Belge Wout Van Aert, tant le vainqueur des Strade Bianche, samedi dernier, a causé forte impression depuis une semaine.
«Si nous arrivons dans un groupe petit ou grand à Sanremo, je sais que je ne devrais pas avoir peur du sprint», s'est félicité Van Aert après sa troisième place dans Milan-Turin, son premier sprint massif depuis sa victoire dans le Tour l'an passé à Albi. D'autant que le Belge peut s'accommoder d'une course sélective avant de rejoindre la cité des fleurs.
L'espoir des attaquants
L'Italien Vincenzo Nibali a prouvé en 2018 que l'exploit, pour inattendu qu'il soit, reste à portée des attaquants (Schachmann, Bettiol, Formolo). Pour réussir, il leur faut un petit matelas de quelques secondes au sommet du Poggio, à 5450 mètres de la ligne. A moins de réussir une descente magistrale comme sait le faire le Slovène Matej Mohoric (4e en 2019).
Un quatuor d'as peut jouer l'offensive et attendre ensuite: Michal Kwiatkowski, le Polonais vrai maître à courir, Mathieu van der Poel, le Néerlandais qui a contre lui de découvrir la course, Peter Sagan, le Slovaque passé près de la victoire en 2013 et 2017 (2e), et Julian Alaphilippe, le Français vainqueur sortant.
«Je ne suis ni dans le même état d'esprit ni dans le même état de forme», tempère toutefois Alaphilippe, qui avait réglé l'an passé un groupe d'une douzaine de coureurs sur la via Roma, cette rue de Sanremo banale toute l'année sauf le jour de la course.