«Objet fragile», le Tour de France féminin veut bâtir sur le formidable succès de la première édition pour s'ancrer dans le paysage en 2023. Ceci avec un parcours au départ de Clermont-Ferrand qui offrira le Tourmalet comme juge de paix.
Cap au sud. Le parcours dévoilé jeudi à Paris par la directrice de l'épreuve, Marion Rousse, visitera trois régions – Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie – pour huit étapes à parcourir à partir du 23 juillet sur près de 1000 km.
Après une traversée du Massif central et un passage à proximité de la grotte de Lascaux, l'étape-reine aura lieu dans les Pyrénées avec l'enchaînement des cols de l'Aspin et du Tourmalet.
L'arrivée sera jugée en haut de ce sommet mythique, à 2110 m d'altitude, comme en 1994, en 1996 et 2000 lors des précédentes versions du Tour de France féminin qui a existé sous différentes formes avant de disparaître à la fin de la décennie 2000 faute de financement, et de renaître en 2022. Le Tour se terminera le 30 juillet par un contre-la-montre individuel de 22 km à Pau, une nouveauté par rapport à cette année.
Un objet fragile à ancrer
«Cette année, les gens se sont vraiment pris au jeu, ils se sont attachés aux coureuses et ils ont regardé le Tour pour les mêmes raisons que pour le cyclisme masculin. Mais on reste prudents. C'est quand même un objet fragile qu'on a besoin d'ancrer. Le but est d'avoir un Tour de France solide et de ne pas aller plus vite que le développement du cyclisme féminin», dit Marion Rousse.
Même si de nombreuses équipes féminines sont désormais adossées aux formations de l'élite du peloton masculin, l'écart avec les hommes reste important, notamment en termes de densité. «C'est pour ça aussi qu'on n'a pas envie de se lancer tout de suite dans un Tour de France de 10 jours, même si on veut grandir à terme. Le Tour amène des sponsors, la lumière, de l'argent. Mais il reste encore beaucoup de choses à faire», ajoute l'ancienne coureuse.
Cela vaut aussi pour les salaires, même si l'UCI a instauré un salaire minimum pour les équipes du World Tour (première division) qui doit atteindre 32'100 euros par an en 2023.
Pour le Tour de France, la dotation n'a pas changé: 250'000 euros de prix, dont 50'000 pour la lauréate. C'est dix fois moins que pour le vainqueur du Tour de France masculin. Mais pour Marion Rousse il faut «plutôt comparer avec une course de huit jours chez les hommes comme Paris-Nice», pour le coup moins richement dotée que la Grande Boucle féminine (144'300 euros, dont 16'000 au vainqueur).
En attendant, le Tour de France femmes continue de grandir avec l'élargissement de six à sept coureuses par équipe. Marion Rousse mesure aussi la popularité grandissante de l'épreuve par le nombre de messages qu'elle reçoit.
«Désormais on me contacte directement, des communes à l'étranger comme en France qui veulent avoir les deux Tours, filles et garçons. On sent vraiment que les gens se sont déjà appropriés le Tour féminin. Ils se sont rendu compte que des filles sur un vélo, ça fonctionne.»