Les gymnastes suisses affichent de grandes ambitions aux Championnats d'Europe messieurs de Rimini qui débutent mercredi. Une équipe particulièrement solide est alignée.
Avec une 5e place, les Suisses ont obtenu en octobre dernier à Anvers leur meilleur classement dans un concours par équipe aux championnats du monde depuis le bronze de 1954. Ils se sont qualifiés pour la troisième fois consécutive par équipe pour les Jeux olympiques de Paris. Cette année, ces derniers éclipsent tout le reste, les Européens sont avant tout une préparation.
C'est pourquoi les entraîneurs veulent voir des exercices aussi difficiles que possible, afin d'avoir des points de repère sur la manière dont leurs gymnastes fonctionnent sous pression. En fonction de cela, des ajustements seront encore effectués en vue de Paris.
«Ce sont quand même des championnats d'Europe», souligne l'entraîneur Claudio Capelli dans un entretien avec Keystone-ATS. A Rimini, les chances d'atteindre les finales sont forcément plus grandes qu'à Paris. Dans le concours par équipes, le top 8 constitue l'objectif minimum, et l'on vise en outre trois finales par engin et une place sur le podium.
Deux novices
Avec Christian Baumann, Noe Seifert, Taha Serhani et Luca Giubellini, quatre gymnastes présents aux Mondiaux 2023 seront également présents en Italie. Matteo Giubellini, qui participe pour la première fois à un grand événement de l'élite, complète le quintette dans le concours par équipes. L'espoir de 19 ans a convaincu lors du premier des deux concours de sélection avec 83,800 points, un score qu'aucun autre n'a atteint. Comme Baumann, il sera engagé sur les six engins à Rimini.
Luca Murabito, 21 ans, dispute lui aussi ses premiers championnats d'Europe, mais il ne participera qu'à certains agrès. Le fait que deux «nouveaux» aient été retenus souligne la bonne forme actuelle de la gymnastique artistique masculine suisse. «C'est ce qui rend la situation intéressante», glisse Capelli. Baumann ajoute que «nous avons un problème de riches. Lors des qualifications, c'est à chaque fois très serré, on ne sait jamais si on va être de la partie ou pas.»
Une médaille à l'esprit
A 29 ans, Christian Baumann est le «capitaine» de l'équipe, il participe à ses sixièmes championnats d'Europe. Il était déjà présent en 2016, lorsque les Suisses avaient remporté leur dernière médaille par équipe avec le bronze. Au total, il est monté quatre fois sur le podium aux Européens, deux fois aux barres parallèles, son agrès de prédilection, où un élément porte son nom.
Baumann, qui vise une troisième participation aux Jeux olympiques, ne se fixe pas d'objectifs de classement: «Je veux simplement donner le meilleur de moi-même et je verrai bien ce que cela donnera.» Mais il admet que tout le monde a une médaille par équipe en tête. Il qualifie sa forme d'"assez bonne». Aux barres parallèles et à la barre fixe, il a augmenté le degré de difficulté.
Noe Seifert reste lui sur une brillante 8e place en finale du concours général aux Championnats du monde d'Anvers, malgré des problèmes de dos qui l'ont contraint à suivre une physiothérapie detrois mois. «Je ressens encore quelques douleurs, mais en gymnastique artistique on n'est jamais en pleine forme, il y a toujours quelque chose qui coince», raconte l'Argovien de 25 ans.
Seifert s'entraîne certes à nouveau aux six agrès, mais il ne participera pas au sol et au saut à Rimini. Le fait qu'il ait dû se concentrer sur quatre agrès pendant un certain temps est positif – il peut désormais effectuer des exercices plus difficiles au cheval d'arçons et à la barre fixe. Il veut prendre tous les risques aux championnats d'Europe pour montrer ce dont il est capable et s'est fixé comme objectif deux finales aux agrès.
Langenegger freiné par une blessure
Qu'en est-il de Florian Langenegger, 7e des championnats d'Europe et 14e des championnats du monde de l'an dernier au concours général? L'Argovien de 21 ans est resté en deçà de ses possibilités lors des qualifications internes à la suite d'une blessure à un doigt. «Il nous a montré en 2023 de quoi il était capable, donc ce n'est pas si grave pour lui de faire l'impasse sur des championnats d'Europe», explique Capelli.
Benjamin Gischard, qui, comme Baumann, faisait partie des sélectionnés aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016 et de Tokyo en 2021, a quant à lui bien passé sa rééducation après une grave blessure à un genou subie en septembre dernier. Il recommence à sauter. «Cela s'annonce très bien, mais ce sera quand même juste (pour Paris)», précise Capelli.