La vaccination contre le Covid-19 a commencé dans tous les cantons en Suisse. Les milieux politiques partent du principe que chaque personne souhaitant être vaccinée le sera d'ici cet été. Pour sa part, le sport suisse aborde la question avec prudence.
Les affirmations claires sont rares. La peur d'être rattrapé plus tard par des déclarations intempestives joue un rôle non négligeable. Il y a toutefois quelques exceptions. Le syndicat des footballeurs suisses a réclamé en décembre une obligation de vaccination dans les stades, concernant à la fois les joueurs et le personnel, mais aussi le public. Giorgio Behr, président du club de handball des Kadetten Schaffhouse, a lui aussi récemment parlé de tribunes réservées aux personnes vaccinées.
La vaccination change évidemment la donne pour le monde sportif. Dick Pound (78 ans), vice-président du CIO, a déclaré voici peu à une TV anglaise que les sportifs et entraîneurs devraient être prioritaires dans l'accès au vaccin, afin que les Jeux olympiques de Tokyo puissent se dérouler cet été malgré la pandémie.
Pound sait de quoi il parle. Il a participé aux JO en tant que nageur. Le Canadien est un juriste réputé et a dirigé l'Agence mondiale antidopage (AMA).
Voyages problématiques
La formule 1 espère également pouvoir entamer sa saison au printemps grâce à une vaccination à large échelle. Pour chaque sport dans lequel les acteurs sont amenés à voyager souvent dans différents pays, le vaccin signifie un soulagement et une simplification des procédures pour respecter les dispositions locales anti-Covid.
Dans ce contexte, Swiss Olympic espère que les sportifs qui doivent beaucoup se déplacer auront un accès aussi rapide que possible au vaccin, tout comme les autres professions qui présentent des caractéristiques similaires.
L'immense importance du vaccin ne concerne toutefois pas seulement ceux qui sillonnent le monde. Le hockey sur glace et le football craignent un effondrement financier si les matches à huis clos restent la norme aussi lors de la deuxième moitié de l'année. C'est pourquoi la vaccination constitue un thème incontournable dans les deux sports d'équipe les plus populaires en Suisse.
Trop tôt pour avoir une opinion définitive
Cela étant, les déclarations péremptoires restent aux abonnés absents. Il est beaucoup trop tôt pour se former une opinion définitive, a dit Swiss Ice Hockey. Il en va de même du côté du ballon rond: la Swiss Football League veut discuter de ces questions complexes d'abord avec les autorités politiques, et ensuite seulement avec les clubs et les Associations.
Le sport attend des estimations du point de vue médical, étatique et juridique. La raison de cette attitude prudente est claire: la population pourrait manifester son indignation si les sportifs professionnels faisaient exagérément pression pour avoir accès au vaccin dans les plus brefs délais.
Sport mieux loti
Beaucoup partagent par ailleurs l'avis selon lequel le sport professionnel, qui a reçu de la Confédération des prêts urgents et des versements à fonds perdus, a été bien mieux loti dans la crise que d'autres branches économiques.
Il n'empêche que le sport suisse doit aborder le sujet de la vaccination de manière prioritaire. La politique part du principe que chaque Suisse voulant être vacciné aura reçu sa dose d'ici l'été.
Selon des sondages, environ la moitié de la population est actuellement disposée à se faire vacciner. Un quart tergiverse et attend d'abord de connaître les effets, les répercussions et les effets secondaires du vaccin. Le dernier quart est opposé par principe à la vaccination et la rejette.
La Suisse n'obligera en principe pas les gens à se faire piquer. Aucun club professionnel ne planifie pour l'instant une telle obligation pour ses employés, ce n'est évoqué nulle part.
Mais qu'en serait-il d'une obligation indirecte? Des Jeux olympiques réservés aux athlètes vaccinés? Des tribunes ouvertes uniquement aux personnes ayant reçu le vaccin? Il y a aussi des compagnies aériennes qui réfléchissent à ne transporter que des voyageurs ayant été vaccinés. Une société à deux vitesses pour les sportifs et les spectateurs?
Toutes ces questions ne devront pas être abordées seulement quand il s'agira de laisser rentrer le public dans les stades, a priori cet été. Le débat doit être ouvert sans tarder entre les acteurs de la politique, du public et du sport, afin d'éviter des règles arbitraires dans la seconde moitié de l'année.
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