Première fédération internationale à s'être positionnée pour un retour des Russes et Bélarusses en compétitions internationales à un an et demi des Jeux olympiques 2024, l'escrime se retrouve secouée par des tensions fortes. En attendant que le Comité international olympique se montre plus précis.
Début mars, un congrès de la Fédération internationale (FIE) a autorisé la participation des escrimeurs russes et bélarusses aux épreuves du circuit mondial, qualificatives pour les JO 2024 (26 juillet-11 août).
Si la FIE avait pris soin de préciser que cette décision serait effective à partir d'avril 2023 «sous réserve d'éventuelles recommandations/décisions futures du CIO», les réactions et turbulences autour des compétitions censées les accueillir se sont multipliées.
Exclus, sur recommandation de ce même CIO, depuis février 2022 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les athlètes russes et bélarusses pourraient réintégrer le classement mondial, dont dépendent les qualifications pour le rendez-vous olympique parisien, l'an prochain.
Mais une semaine après le vote de la FIE, la Fédération allemande d'escrime a renoncé à l'organisation de l'étape de Coupe du monde de fleuret féminin prévue début mai à Tauberbischofsheim et programmée dans le parcours de qualifications.
Poznan scrutée
Une autre épreuve de Coupe du monde de fleuret féminin est particulièrement scrutée, celle prévue à Poznan en Pologne, les 21 et 22 avril. Elle devrait être la première à accueillir les tireuses russes et bélarusses, dans un pays frontalier avec l'Ukraine et... le Bélarus, où Vladimir Poutine vient d'annoncer qu'il souhaite déployer des armes nucléaires «tactiques».
«La PZSZ (Fédération polonaise d'escrime) n'est pas au courant d'une décision quelconque qui la priverait de l'organisation du tournoi», même si elle est «consciente» de courir un tel risque, a expliqué à l'AFP Adam Konopka, vice-président de l'instance. Les Polonais demanderaient alors des dédommagements, a-t-il ajouté.
Leur «position actuelle est de ne pas laisser les Russes et les Bélarusses participer à ce tournoi». Mais, compte tenu des décisions de la fédération internationale, «la PZSZ a demandé à la FIE des précisions sur les critères et les modalités de l'application de ces critères» de cette sélection pour savoir «lesquels parmi les sportifs russes et bélarusses seraient autorisés ou non à concourir à Poznan», sans obtenir de réponse de la part de la Fédération internationale.
Sécurité
Les athlètes russes et bélarusses évoquent des craintes pour leur propre sécurité lors des épreuves. Mais Varsovie semble ne pas être rassurée non plus, indiquant que nombre de ces sportifs sont aussi militaires.
En plus de ces doutes surgissant dans les pays organisateurs de compétitions, la FIE doit faire face à l'opposition de certains tireurs, qui ont manifesté leur désaccord avec la décision prise le 10 mars.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, plusieurs grands noms de l'escrime ont pris directement position en répondant «Non, je ne suis pas d'accord», en réponse à la décision prise par la FIE début mars. Parmi eux, le fleurettiste américain Gerek Meinhardt, deux fois médaillé de bronze olympique (2016, 2021) ou encore la fleurettiste américaine Lee Kiefer, sacrée aux Jeux de Tokyo.
On y voit également la championne olympique ukrainienne Olga Kharlan, qui a en parallèle résumé son sentiment en trois mots sur les réseaux sociaux: «Déception, colère, injustice».
«Qu'est-ce qui a changé?», interroge la championne olympique 2008 de sabre, un peu plus d'un an après la recommandation du CIO d'exclure ces athlètes, et alors que la Fédération ukrainienne a annoncé qu'elle boycotterait toute compétition dans laquelle des sportifs russes et bélarusses seraient engagés.