Chef du sport d'élite à Swiss Aquatics, Markus Bucks est forcément un homme heureux après les performances remarquables des nageurs suisse aux JO de Tokyo. «Nous étions prêts et avons livré la marchandise», lâche l'Allemand.
Le bronze pour Jérémy Desplanches, le bronze également pour Noè Ponti, des performances de choix pour Antonio Djakovic, Roman Mityukov et Lisa Mamié. Quel est votre degré de satisfaction ?
«C'est fantastique et magnifique. Nous avons obtenu bien plus que ce que nous avions espéré.»
Comment expliquez-vous que Swiss Aquatics ait fait mieux que jamais auparavant aux Jeux olympiques ?
«Comme dans les autres compétitions, nous avons essayé d'être prêts le jour J. Pour que les athlètes puissent donner le meilleur d'eux-mêmes quand il le faut. C'est ce qu'ils ont fait. Depuis des années, nous disons que c'est la première étape, et la plus importante.»
Vous n'êtes donc pas surpris ?
«Le fait que nous ayons atteint de nombreuses demi-finales, trois finales et même décroché deux médailles est impressionnant. Nous n'avions pas prévu ça. Avec Jérémy (Desplanches), on pouvait espérer une médaille en raison de ses succès passés. Mais les autres performances ont dépassé nos attentes.»
Quelles en sont les raisons ?
«Il y a en fait plusieurs facteurs. L'année supplémentaire de préparation due au report des Jeux a beaucoup aidé les jeunes athlètes comme Noè (Ponti). Ils ont pu se développer. Le coronavirus est également l'une des raisons. Les nageurs suisses ont bénéficié d'excellentes conditions d'entraînement dans les piscines, car le public ne s'y trouvait pas. C'était différent les années précédentes.»
Et sinon ?
«Nous avons heureusement réussi à réunir rapidement les athlètes ici afin de faire des ajustements. Il était également important d'être prêt le matin. On a pu voir que les finales du matin étaient parfois plus lentes que celles des championnats d'Europe, disputées en soirée, ou même que les séries de la veille. Cela a engendré une extrême confusion. Nous étions prêts et nous avons bien travaillé. C'est pourquoi de tels classements ont été possibles.»
Noè Ponti et les autres jeunes, comment sont-ils ?
«Ce qui les distingue tous, c'est qu'ils ne s'enflamment jamais. Ils ont peut-être du respect pour la concurrence, mais ils n'ont pas peur. Ils connaissent leurs propres capacités et sont ambitieux. Même le succès ne les rassasie pas, mais au contraire il les stimule. Cette façon de penser distingue les athlètes des champions. Il faut avoir cette soif de victoires pour accepter toutes les difficultés et le travail.»
Les jeunes nageurs suisses ont-ils une grande marge de progression ?
«Oui, et Jérémy aussi. Ils ont encore de la marge. Je dis ça tout le temps en Suisse. Comme on ne s'entraîne pas beaucoup ici à un jeune âge – on ne peut pas s'entraîner autant – nous devons nous concentrer sur un développement régulier et à plus long terme. Il est extrêmement rare que nous ayons des athlètes prêts à l'âge de 18 ou 19 ans.»
Mais là...
«... Ca a marché cette fois. Mais en règle générale, nos athlètes ne sont souvent vraiment compétitifs qu'au début de la vingtaine. En même temps, cela présente l'avantage qu'ils peuvent encore se développer à long terme, et que la quantité et l'intensité de l'entraînement peuvent encore être augmentées. Dans le cas de Noè, il n'y a pas si longtemps qu'il est passé à dix entraînements par semaine dans l'eau.»
Pour Desplanches, la marge de progression n'est pas aussi grande ?
«Jérémy a pourtant de la marge techniquement et tactiquement. Il n'a pas encore atteint ses limites.»
Qu'est-ce que cela signifie pour les Jeux d'été dans trois ans ?
«Il est justifié de dire que ces athlètes peuvent faire partie des candidats aux médailles à Paris en 2024.»