Nino Schurter possède déjà un set complet de médailles olympiques, en plus de ses 10 titres mondiaux. «J'apprécie désormais bien plus les choses», souligne le Grison, qui s'est longuement confié à Keystone-ATS. Mais son ambition reste intacte, et il se sent capable de conquérir une nouvelle médaille olympique à Paris, à 38 ans.
Nino Schurter, vous êtes le vététiste le plus titré de l'histoire, et vous êtes toujours un candidat aux médailles pour vos cinquièmes JO. Quelles sont les pièces les plus importantes du puzzle pour ce succès durable?
«Une des choses les plus importantes est de trouver l'équilibre, de se donner du temps pour récupérer après les efforts. J'y suis très bien parvenu ces dernières années. J'ai réussi à planifier et à organiser toute la saison de telle sorte que j'avais toujours du temps pour reprendre mon souffle. A l'entraînement aussi, c'est un exercice d'équilibre de trouver jusqu'à quel point on peut souffrir et combien de fois on doit prendre une pause. J'ai très bien réussi cet exercice d'équilibre ces dernières années. Je suis très heureux de pouvoir avoir une carrière aussi longue.»
A 38 ans, cet exercice d'équilibre est encore plus difficile. Dans quel(s) domaine(s) remarquez-vous votre âge?
«C'est au niveau du sommeil que je le remarque le plus. Par exemple, quand je me suis entraîné très dur, je ne dors plus aussi bien qu'avant. La récupération ne se fait plus de la même manière, je dois y faire plus attention. Je ne sais pas si j'ai un peu négligé ce point auparavant. Mais désormais, je sais en tout cas à quel point un bon sommeil est important pour la récupération. C'est le point le plus essentiel avec l'âge.»
Des souvenirs inoubliables
Vous vous apprêtez maintenant à participer à vos cinquièmes Jeux olympiques. Quelles émotions ressentez-vous?
«J'éprouve une joie immense et je suis extrêmement reconnaissant pour cela. Quand je repense à Pékin (2008), j'ai l'impression que c'était il y a quelques instants, et maintenant ce sont déjà mes cinquièmes Jeux. C'est fou, chacune de ces participations est liée à des souvenirs que je n'oublierai jamais. Maintenant, je me réjouis à fond de ces cinquièmes Jeux, notamment parce que je me sens toujours au top et que j'ai encore des chances de médaille.»
S'agit-il définitivement de vos derniers Jeux d'été?
«Eh bien, toute autre chose me surprendrait fortement. A Los Angeles, j'aurai 42 ans, je dois donc être réaliste. De ce point de vue, oui, ce seront, je pense, les derniers.»
Et la saison en cours est-elle déjà la dernière?
«Je ne le sais pas encore avec certitude. Pour l'instant, c'est encore extrêmement amusant, et je remarque que j'ai encore du succès et que je peux me mêler à la lutte pour la victoire. Tout le ‹setting› me convient très bien. Tant que j'ai ce plaisir, je veux continuer. Combien de temps cela va durer, je ne le sais pas exactement.»
Quelles émotions ressentez-vous avant Paris? Est-ce que cela vous semble différent des Jeux précédents, sachant que ce sont probablement les derniers?
«C'est déjà un peu différent de ce que je ressentais il y a deux ou trois ans. J'apprécie désormais bien plus les choses. Pendant un certain temps, j'ai en quelque sorte laissé les choses se dérouler, pendant longtemps je n'ai pas envisagé la fin de ma carrière. Maintenant, je sais que je fais peut-être tout cela pour la dernière fois, que ce sont peut-être mes derniers Jeux olympiques. Je pense que cela me permet d'apprécier davantage les choses.»
Objectif médaille
A Paris, une médaille semble réaliste pour vous, mais vous n'êtes plus le grand favori. Avec quel objectif abordez-vous les Jeux?
«Une médaille doit être l'objectif quand on va aux Jeux en tant que vététiste suisse. Je pense que j'ai encore cela en moi. Et je pense pouvoir encore prétendre à la victoire si tout se met en place. L'objectif est clairement une médaille, et si je n'en obtenais pas, ce serait aussi un peu une déception. Mais oui, je suis aussi conscient que je suis de plus en plus dépendant d'une journée parfaite pour que ça marche.»
Vous formez un duo pour le moins «explosif» avec Mathias Flückiger, le deuxième Suisse retenu pour l'épreuve masculine à Paris. Deux ans après l'incident de Lenzerheide, où en est votre relation?
«Nous ne sommes certainement pas les meilleurs amis, et ne formons pas l'équipe la plus soudée. Mais nous sommes tous les deux des adultes, et nous savons ce que cela signifie de représenter la Suisse. Nous essaierons évidemment de faire de notre mieux.»