Insolite Deux aficionados célèbrent les JO à leur façon

ATS

23.7.2021 - 08:59

Keystone-SDA

Pour deux passionnés japonais qui voyagent à travers le monde pour tous les JO, assister à ceux de Tokyo devait être la consécration. Privés de stade en raison du huis clos, ils ont trouvé d'autres moyens de les célébrer.

Kyoko Ishikawa (51 ans) a assisté à tous les JO d'été depuis ceux de Barcelone en 1992.
Kyoko Ishikawa (51 ans) a assisté à tous les JO d'été depuis ceux de Barcelone en 1992.
KEYSTONE

Kyoko Ishikawa (51 ans) a assisté à tous les JO d'été depuis ceux de Barcelone en 1992. Au fil des décennies, elle est devenue un visage familier des sites olympiques, avec sa tenue japonaise traditionnelle et son bandeau orné du drapeau rouge et blanc de son pays.

Dans son salon

Mais son rêve d'assister aux Jeux de Tokyo – elle avait réussi à se procurer un billet pour les épreuves de lutte – a été brisé début juillet, quand les organisateurs ont annoncé un huis clos quasi total à cause de la pandémie. Kyoko Ishikawa, loin de se laisser démonter, a trouvé un autre moyen d'encourager les sportifs, en les acclamant et en dansant devant sa télévision, dans son salon décoré d'objets olympiques glanés à travers la planète.

Elle sera aussi en contact avec d'autres fans du monde entier en vidéo et via les réseaux sociaux. Elle compte aussi se renseigner sur les pays des sportifs qu'elle voit à la télévision grâce à des livres et des cartes, tout en goûtant diverses spécialités et boissons du monde entier dans son salon.

«Réunir les gens»

Kyoko Ishikawa est convaincue que les JO peuvent rassembler, même en pleine pandémie. «Les Jeux olympiques sont une occasion spéciale, et pour chaque occasion spéciale de sa vie, il faut réunir les gens», estime-t-elle. «C'est la même chose cette fois. Quelle que soit la méthode, ce principe fondamental ne change pas».

Kazunori Takishima (45 ans) croit lui aussi au pouvoir rassembleur des Jeux, grâce à la formidable émotion partagée devant les performances des sportifs. Lui-même s'est rendu à tous les Jeux – d'hiver comme d'été – depuis ceux de Turin en 2006, où il avait été émerveillé par l'atmosphère, quand de parfaits inconnus l'avaient félicité après le sacre olympique de la patineuse nippone Shizuka Arakawa.

197 billets

Depuis quinze ans, il a ainsi assisté à 106 épreuves dans toutes les villes hôtes des Jeux et espérait en ajouter 28 autres à son compteur pendant cette quinzaine, pour battre le record d'un autre fan qui serait actuellement de 128.

Ce riche homme d'affaires avait acheté 197 billets pour les Jeux de Tokyo, dépensant l'équivalent de plus de 30'000 euros, et espérait en faire profiter sa famille, ses amis et ses employés. «J'aurais voulu (qu'ils) vivent cette expérience. Je peux tenter de leur décrire, mais cette émotion ne peut pas être totalement transmise. Il faut aller sur place et voir par soi-même».

Larmes «sincères»

Kazunori Takishima se dit inspiré au quotidien par l'engagement et les efforts des sportifs olympiques, qui versent ce qu'il appelle des larmes «sincères» de joie, de frustration ou de dépit sur le terrain. «Dans la vie quotidienne, on ne voit personne verser de vraies larmes». Mais «les sportifs olympiques engagent leur vie» dans leur discipline.

«Je rencontre beaucoup d'obstacles dans mon travail. Mais, dans ces moments, je me dis que ce n'est rien comparé aux larmes versées par cet athlète».

Pour la cérémonie d'ouverture, il se rendra devant le Stade olympique pouvant accueillir 68'000 spectateurs mais qui restera vide, à l'exception d'officiels et de personnalités. Il espère apercevoir les feux d'artifice qui seront lancés depuis l'intérieur, et ressentir l'atmosphère olympique en regardant la cérémonie sur son téléphone portable.

Critique des autorités qui n'ont pas réussi à mettre en place des mesures permettant d'organiser des JO en présence d'un public, il dit sa gratitude envers tous les sportifs, japonais et étrangers, qui ont enduré une année difficile pour se rassembler à Tokyo. «Je suis déterminé à les soutenir. Cela n'a pas changé d'un cheveu.»