Ski alpin «Je pense beaucoup à David» - Le message touchant de Clarey

AFP

7.2.2022

Johan Clarey, devenu vice-champion olympique de la descente lundi à Yanqing, repousse toutes les limites d'âge après avoir connu le drame de la perte de son ami skieur David Poisson en 2017.

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7.2.2022

Sans limite

Né le 8 janvier 1981 à Annecy, Johan Clarey a débuté en Coupe du monde en novembre 2003 à Lake Louise (Canada). Plus de la moitié de ses neuf podiums sur le circuit (huit en descente, un en super-G) ont été obtenus il y a moins de trois ans, pour une carrière au crépuscule exceptionnellement long.

Désormais plus vieux médaillé olympique en ski alpin, il a repoussé une nouvelle fois en janvier le record du plus vieux skieur sur un podium de Coupe du monde, avec sa 2e place à Kitzbühel à 41 ans. Il est également le plus vieux médaillé de l'histoire des Mondiaux, avec l'argent du super-G obtenu à Are (Suède) en 2019.

«Les méthodes de rééducation ont évolué dans le bon sens, on arrive à avoir un physique très correct à un âge avancé, estimait en 2020 ce véritable "Benjamin Button du ski». Avoir vu Roger Federer à son âge (sept mois plus jeune que Clarey, NDLR) également performant (à près de 40 ans), dans un autre sport à fortes contraintes physiques, ça m'a mis du baume au coeur".



«Et je suis encore frais, car entre 20 et 30 ans je me suis énormément blessé. Depuis 30 ans, je suis plus tranquille, donc ma tête est encore jeune, même si mon corps a quand même subi pendant ma carrière», indiquait celui qui s'était notamment gravement blessé à un genou à Kitzbühel en 2004, rompu les ligaments croisés des deux genoux en 2019, et avait été opéré d'une hernie discale en 2013.

L'exploit de Clarey et son exceptionnelle longévité ont été salués notamment par l'ex-reine du ski alpin Lindsey Vonn qui, en plaisantant, a indiqué qu'elle pourrait rechausser ses skis: «Ne me tentez pas, hahahah. Clarey m'inspire!!», a-t-elle tweeté.

Hygiène de vie irréprochable

«C'est son travail, c'est toujours en filigrane, sans être psychorigide», explique au Dauphiné Libéré Perrine Faraut, la femme de Clarey depuis l'automne dernier.

«Il ne se donne jamais d'excuse pour manquer un entraînement, il s'étire devant la télé, il a toujours une bouteille d"eau avec lui... Il y a une habitude qui s'est créée avec le temps», raconte cette médecin, qui est également la soeur de Romane Pinturault, l'épouse d'Alexis, leader de l'équipe de France de ski alpin.



Recordman du monde de vitesse

Le costaud savoyard (1,91 m, 98 kg), qui a appris à skier à Tignes dans les traces de son père moniteur et ancien directeur de l'école de ski, avait battu en janvier 2013 le record de vitesse en ski alpin, en étant flashé à 161,9 km/h à Wengen (Suisse).

Le drame David Poisson

Clarey a été durablement marqué par le décès de son coéquipier et ami David Poisson en novembre 2017, lors d'un entraînement à Nakiska (Canada).

Tout juste redescendu lundi de son nuage olympique, il est apparu ému en zone mixte: «je pense beaucoup à David. On l'a perdu il y a quatre ans, c'est une des premières personnes à qui j'ai pensé», a-t-il confié à la presse.

En 2018, il racontait à L'Equipe Magazine avoir «perdu un frangin ce jour-là». «Si j'étais reparti en France directement (après l'accident), je pense que je ne serais jamais remonté sur des skis».

«David, je l'ai toujours un peu considéré comme mon frère. J'ai la sensation de ne pas skier tout seul, c'est mystique», expliquait-il en 2019 après sa médaille d'argent du super-G aux Mondiaux 2019 à Are (Suède).