Faire taire les moqueries JO : Paris veut éloigner les rats pour mieux accueillir le monde

ATS

23.7.2024 - 15:00

Paris, qui se veut belle pour accueillir le monde à l'occasion des JO, a du fil à retordre pour éloigner ses visiteurs les plus indésirables, les rats. Et faire taire les moqueries dont elle est régulièrement l'objet.

Paris a du fil à retordre pour éloigner ses visiteurs les plus indésirables, les rats.
Paris a du fil à retordre pour éloigner ses visiteurs les plus indésirables, les rats.
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Keystone-SDA

La ville-hôte des JO (26 juillet – 11 août), qui s'apprête à recevoir 15 millions de visiteurs dans la prochaine quinzaine, entend démentir le cliché incarné sur le ton de l'humour par le film «Ratatouille» et qui vaut à la maire Anne Hidalgo bien des sarcasmes.

Pour la municipalité, c'est un des enjeux lors des JO alors que l'image de la ville est régulièrement écornée par les photos et vidéos de touristes s'indignant de poubelles débordantes ou gisant à même le sol.

«Tous les sites olympiques et zones de festivités ont fait l'objet d'un diagnostic», notamment pour «mettre des poubelles qui n'attirent pas les rats», et d'opérations de nettoyage en profondeur, explique Anne-Claire Boux, l'adjointe à la santé de la Ville de Paris.

Le Comité d'organisation (Cojo) gère l'intérieur des sites de compétition. Mais l'entretien de leurs abords, des 26 fan zones et des sites touristiques habituels représente un défi de taille pour la mairie et ses 7000 agents en charge de la collecte et de la propreté.

Collecte perturbée

Dans son arsenal, des agents en vélo-cargo chargés de se faufiler entre les piétons près des sites olympiques, où les camions-bennes ne peuvent plus accéder.

Sur les mêmes zones, ils sont épaulés par quelque 150 agents répartis en «teams olympiques», calées en fonction des horaires des épreuves, pour ramasser les déchets quand les «visiteurs arrivent et repartent», précise Antoine Guillou, l'adjoint à la propreté à la mairie de Paris.

S'y ajoutent une enveloppe de 4 millions d'euros pour un renfort de prestataires et des heures supplémentaires pour les agents occupés ailleurs dans la capitale.

Sans recrutement spécifique, l'appel à volontaires – primes à l'appui pouvant aller jusqu'à 1900 euros – a permis de constituer ces «équipes olympiques» sans dégarnir les rangs des équipes locales ni nuire à la rentrée scolaire, en pleins Jeux paralympiques (28 août – 8 septembre).

La collecte en porte à porte ne pourra toutefois pas être assurée dans la plupart des arrondissements de la capitale pendant trois journées: vendredi (cérémonie d'ouverture) et les 3 et 4 août (courses cyclistes).

Certains arrondissements seront aussi privés de ramassage les 10 et 11 août et le 8 septembre (marathons), ainsi que ce mercredi (entraînement du contre-la-montre cycliste).

«Il ne faut pas sortir le bac des immeubles ces jours-là» car «ça va gêner la course ou poser des questions de sécurité», prévient Antoine Guillou. «Il pourra toujours arriver que des déchets s'accumulent à un endroit», reconnaît Antoine Guillou.

Tapis vert

Pour la baignade en Seine, les organisateurs prévoient un tapis vert pour l'accès des athlètes au fleuve, afin d'éviter tout risque de leptospirose, «une zoonose qui se transmet par coupure», indique Anne-Claire Boux.

Partout, Cojo et mairie vont véhiculer un message «basique», rappelle Antoine Guillou: «Mettez vos déchets dans la poubelle». Le Smash se tient prêt à intervenir en cas de «remontée sur un site où il commence à y avoir plein de rats», dit Mme Boux.

«Nos équipes sont organisées pour qu'en cas d'incivilités» synonymes de déchets alimentaires au sol, «on puisse intervenir de manière très réactive», abonde Antoine Guillou.

Face à l'hystérie collective que provoque le sujet, Anne-Claire Boux veut tenir un discours réaliste: «personne ne peut avoir l'ambition d'exterminer les rats à Paris, et puis c'est utile pour entretenir les égouts. Le tout, c'est qu'ils y restent».

Dans ses parcs et jardins, la mairie a développé des poubelles fermées pour en écarter les rongeurs. Outre le comblement des bouches d'égout et la pose de grillages pour empêcher la nidification, les 70 agents du Service municipal d'action de salubrité et d'hygiène (Smash) ont aussi posé 1000 pièges mécaniques.

«En dernier recours, quand on est sur des zones vraiment infestées», ils disposeront des pièges contenant du biocide, reconnaissables à leur forme de boîte noire, indique Mme Boux.

Pas de quoi convaincre l'opposant Geoffroy Boulard, qui déplore le «silence» de la mairie face à une possible «invasion de milliers d'indésirables» – rats, punaises de lit et moustiques tigres – qui provoque selon lui une «grande inquiétude des professionnels du secteur».