Pékin 2022 La Chine devra aussi composer avec des «cadavres»

ck, ats

21.2.2022 - 12:31

Des milliards sont investis pour les Jeux olympiques dans des installations pour les compétitions, qui ne sont utilisées que pendant deux semaines. Pékin comptera également de nombreux «cadavres» dans ses constructions.

Des milliards sont investis pour les Jeux olympiques dans des installations pour les compétitions.
Des milliards sont investis pour les Jeux olympiques dans des installations pour les compétitions.
KEYSTONE

21.2.2022 - 12:31

Les phares avaient été installés dans les temps anciens pour indiquer aux bateaux les dangereux rivages. La plupart a été fidèle à leur tâche pendant des siècles.

Un tel «phare» existe dans les montagnes de Zhangjiakou, qui fut le coeur des Jeux de Pékin pour les sports de neige. De loin brille un ovale sur le sommet du tremplin de saut à skis comme un ovni sur la vallée. Même deux jours après la fin de la dernière épreuve de saut, il scintille dans la nuit. En Chine, on est fier des édifices impressionnants, l'économie d'énergie passe au second plan.

120 kilomètres plus au Sud à Yanquing serpente la plus moderne et totalement recouverte piste de bob du monde, tel un dragon dans la vallée. Au mieux, elle se laisse contempler d'un télécabine, qui conduit au centre de ski alpin national dans les montagnes de Xiaohaituo. Il y a bien trois «phares» qui ont été construits pour les premiers Jeux d'hiver dans une Chine qui a peu d'affinités avec les sports d'hiver et qui seront ainsi, dans le futur, à peine réutilisés.

Athènes et Rio comme mémoriaux

Les images des installations des Jeux d'été 2004 à Athènes, recouvertes de mauvaises herbes, qui ont failli conduire la Grèce à la faillite sont un triste mémorial pour le manque de développement durable des grands événements sportifs. De nombreux sites de Rio de Janeiro 2016 ne sont déjà plus utilisables moins de six ans après l'événement parce que l'argent pour l'entretien fait défaut et avant tout parce qu'ils n'ont plus d'emplois.

Les finances ne devraient qu'être que le plus petit problème en Chine. Le coût exact des Jeux de Pékin est difficile à obtenir. Qui demande, est éconduit gentiment avec un chiffre de 3,9 milliards de dollars. Les experts envisagent un budget jusqu'à dix fois supérieur. Il convient de savoir si l'on inclut dans le prix des JO les frais d'infrastructures comme la construction de l'autoroute et celle de la ligne de train à grande vitesse en direction des montagnes. Toutefois, il existe une chance qu'à moyen terme ils conduisent plus de visiteurs dans les hôtels et les domaines de ski. Un des objectifs déclarés de la Chine dans l'organisation des Jeux est l'encouragement du tourisme hivernal de son propre peuple.

Evidemment, les dépenses pour les tremplins de saut à skis, la piste de bob ou les tracés de descente seront à peine rentabilisées. Il s'agit d'installations qui ne conviennent pas au sport de masse et dans des disciplines dans lesquelles les Chinois ne sont pas concurrentiels après, pourtant, six années de préparation intensive pour les JO.

Les installations de saut à skis doivent en principe être utilisées en été comme un stade de football et pour la pratique du ski sur herbe. Au final, ces installations sportives risquent de vivre le même destin que celle de Sotchi (2014) ou Pyeongchang (2018): A savoir, l'abandon ou au mieux une utilisation mais pas dans les mêmes dimensions.

Un voeu pieu ?

«Il est très important qu'à l'avenir des Coupes du monde et des Championnats du monde soient organisés dans ces superbes enceintes sportives», explique le directeur du CIO, le Suisse Christophe Dubi.

Cela devrait rester un voeu pieu dans la mesure où les sportifs voient la chose tout différemment. «Plus jamais en Chine», a lâché la triple championne olympique de luge Natalie Geisenberger après son voyage en Asie. «Qui aurait l'idée de mettre sur pied des épreuves de biathlon dans un endroit aussi froid et venteux», interroge le Suisse Benjamin Weger. «Ils ont construit un tracé cool», relevait élogieuse l'Allemande Kira Weidle, quatrième de la descente. «Mais le voyage est naturellement extrême. Nous n'en n'avons pas absolument besoin dans un calendrier de la Coupe du monde déjà très serré.»

ck, ats