«Chasse aux sorcières» Tensions entre la Russie et la France à l’approche des JO

AFP

4.6.2024 - 12:46

La Russie a assuré mardi ne «pas interférer» en France, en réaction aux soupçons la visant après la découverte de cercueils près de la tour Eiffel. Elle a démenti toute campagne de désinformation visant les Jeux olympiques de Paris, mais affirme que les forces russes pourraient frapper les instructeurs français dont l'envoi en Ukraine est en discussion.

La Russie a assuré mardi ne «pas interférer» en France à l’approche des JO.
La Russie a assuré mardi ne «pas interférer» en France à l’approche des JO.
IMAGO/AFLOSPORT

Keystone-SDA, AFP

«La Russie n'a pas interféré et n'interfère pas dans les affaires intérieures de la France; notre pays a des priorités plus importantes», a affirmé l'ambassade de Russie à Paris dans un communiqué. «L'ambassade de Russie en France exprime sa vive protestation contre une nouvelle campagne russophobe déclenchée dans les médias français», a-t-elle ajouté.

Elle a évoqué une «hystérie» dangereuse pour les citoyens russes en France, notamment pour le personnel de l'ambassade, et exprimé sa solidarité avec «les citoyens français qui ont fait l'objet d'une chasse aux sorcières simplement parce qu'ils sont favorables à la préservation des liens d'amitié de longue date entre nos pays». L'ambassade a appelé les autorités françaises à «mettre fin» à cette «campagne d'information anti-russe».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté démenti toute campagne de désinformation visant les Jeux olympiques prévus cet été à Paris, qualifiant de «pure calomnie» un rapport d'un observatoire de Microsoft accusant la Russie d'avoir intensifié ces efforts. M. Peskov a assuré aux journalistes que ces accusations «n'ont rien à voir avec la réalité».

Soupçons

Moscou est soupçonnée de plusieurs actes de déstabilisation en France ces derniers mois, dont le récent dépôt au pied de la tour Eiffel à Paris de cercueils portant l'inscription «Soldats français de l'Ukraine». Trois hommes soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire, un Bulgare, un homme né en Allemagne et un homme né en Ukraine, ont été présentés à un juge français lundi.

Le Centre d'analyse des menaces (MTAC), géré par Microsoft, a mis en cause deux groupes d'influence russe, Storm-1679 et Storm-1099, accusés de «semer la peur pour dissuader les spectateurs d'assister aux Jeux» olympiques. Le MTAC s'attend à ce que ces activités «s'intensifient» à l'approche de la cérémonie d'ouverture.

Instructeur français en Ukraine

Sur un autre terrain, le Kremlin n'a en revanche pas exclu mardi que les forces russes puissent frapper les instructeurs français, dont l'envoi est actuellement en discussion entre Paris et Kiev. «Aucun instructeur s'occupant de la formation des militaires ukrainiens n'a d'immunité» face aux frappes, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Peu importe qu'ils soient Français ou non», a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a affirmé que la France allait envoyer «prochainement» des instructeurs afin de former les troupes de ce pays qui fait face à une offensive russe depuis février 2022. Le ministère ukrainien de la Défense avait cependant précisé peu après que l'envoi d'instructeurs était «toujours en discussion» avec la France et d'autres pays.

Officiellement, la France ne dispose pas de militaires assistant ou formant les forces ukrainiennes en Ukraine. Le président français Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'envoyer des troupes occidentales pour aider Kiev, suscitant la controverse parmi ses alliés ainsi que la colère de la Russie.

Le projet d'une coalition européenne d'instructeurs militaires pour former les troupes ukrainiennes en Ukraine, souhaité par la France, est discuté entre Européens mais apparaît loin d'être finalisé. De nombreux pays s'interrogent sur ses conséquences vis-à-vis de Moscou.