Tokyo 2021 L'athlète biélorusse menacée par son pays respire

ATS

2.8.2021 - 21:50

2.8.2021 - 21:50

L'athlète bélarusse Krystsina Tsimanouskaya respire mieux. Menacée d'être rapatriée de force dans son pays après en avoir critiqué les instances sportives à la suite d'un différend aux Jeux olympiques de Tokyo, elle a obtenu lundi un visa humanitaire de la Pologne.

Krystsina Tsimanouskaya est une sprinteuse, pas une coureuse de 400 m.
Krystsina Tsimanouskaya est une sprinteuse, pas une coureuse de 400 m.
Keystone

Cette affaire, qui secoue depuis dimanche les JO, intervient après près d'un an de répression féroce de toute contestation au Bélarus. Cette ex-république soviétique nichée entre Russie et UE est dirigée d'une main de fer depuis 1994 par le président Alexandre Loukachenko.

La sprinteuse dit craindre d'être emprisonnée si elle retourne dans son pays. Des milliers d'arrestations et d'exils forcés d'opposants y ont été enregistrés, ainsi que la liquidation de nombre d'ONG et médias indépendants.

Critiques

Krystsina Tsimanouskaya (24 ans) a affirmé dimanche avoir été forcée de mettre un terme à sa participation aux JO par le sélectionneur de son équipe. Elle a ensuite été accompagnée à l'aéroport par des responsables du Comité olympique national bélarusse pour rentrer dans son pays.

Quelques jours auparavant, elle avait fermement critiqué la Fédération bélarusse d'athlétisme. Celle-ci voulait la contraindre à participer au relais 4 x 400 m, alors qu'elle était censée initialement courir le 100 m et le 200 m, car deux autres athlètes n'avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôles antidopage, selon elle.

Refusant ce retour forcé, de «peur» de se retrouver en prison, la sprinteuse s'est finalement rendue lundi dans l'ambassade de Pologne à Tokyo. Varsovie a confirmé lui avoir accordé un visa humanitaire. La jeune femme n'était guère connue avant cette affaire, mais elle avait publiquement exprimé par le passé sa sympathie pour le mouvement anti-Loukachenko.

Aide de la Pologne

L'athlète «a reçu un visa humanitaire. La Pologne va faire tout le nécessaire pour l'aider à poursuivre sa carrière sportive», a écrit sur Twitter le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Marcin Przydacz, dont le pays accueille de nombreux dissidents bélarusses. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a lui dénoncé la «tentative criminelle d'enlever l'athlète» et «l'agression commise par les services bélarusses» lors des JO.

«Nous avons assuré la sécurité de Krystsina Tsimanouskaya à l'ambassade de Pologne à Tokyo et, si nécessaire, nous lui offrirons également la possibilité de poursuivre sa carrière», a-t-il ajouté sur Facebook.

L'époux de l'athlète, Arseni Zdanevitch, a dit avoir rejoint l'Ukraine à cause du conflit entre son épouse et les autorités bélarusses, qui menaçait la «sécurité» du couple. Il compte la rejoindre en Pologne.

«Elle tient bon»

Selon Alexandre Opeïkine, directeur exécutif de la Fondation bélarusse pour la solidarité sportive (BSSF), organisation soutenant les sportifs dans le collimateur du pouvoir de Minsk, Krystsina Tsimanouskaya «tient bon», bien qu'étant dans «une situation stressante». Elle devrait rejoindre la Pologne mercredi, a indiqué l'ONG d'opposition «Maison bélarusse» à Varsovie.

La représentation diplomatique américaine au Bélarus a salué sur Twitter les «mesures rapides des autorités japonaises et polonaises», qui ont permis à la sportive «d'échapper aux tentatives du régime de M. Loukachenko de (la) discréditer et (de l') humilier» pour avoir «exprimé ses opinions».

ATS