Martin Fourcade Martin Fourcade : «Les JO sont très fragiles»

AFP

2.2.2022

«Les JO ont changé ma vie»: le quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade, qui a raccroché ses skis en 2020, rappelle dans un entretien à l'AFP les liens qui l'unissent aux Jeux olympiques avant le coup d'envoi des JO de Pékin (4-20 fév).

Les JO ont toujours une saveur particulière pour Martin Fourcade.
Les JO ont toujours une saveur particulière pour Martin Fourcade.
KEYSTONE

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On a l'impression que votre carrière est intimement liée aux JO...

«C'est un marqueur temporel. Même si je me suis arrêté lors d'une année non-olympique, les Jeux ont rythmé ma carrière, de mon éclosion à Vancouver (2010, ndlr) jusqu'au titre suprême à Sotchi (2014, ndlr) puis l'apaisement à Pyeongchang (2018, ndlr). Il y avait à chaque fois cette volonté de créer un projet sur quatre ans, sportivement et familialement. J'ai sacralisé assez tôt les JO. C'est mon premier souvenir de biathlon à la télé avec les Jeux de Salt Lake City en 2002. Avant j'avais voyagé aux Etats-Unis à Atlanta en 1996 et même si je n'avais pas vu d'épreuves, cela avait eu une résonance chez moi. J'ai grandi à Font-Romeu et j'ai croisé durant ma scolarité d'immenses champions qui s'entraînaient là-bas, de Hicham El Guerrouj à Alexander Popov, en passant par l'équipe de France de biathlon. Et puis la première course internationale que je suis allée voir, c'est les JO de Turin en 2006 auxquels mon frère Simon participait.»

Que pensez-vous de l'évolution actuelle des JO et des critiques contre l'attribution de l'édition 2022 à la Chine?

«Les dernières décisions vont dans le bon sens. Quand on regarde l'enchaînement Paris-Cortina-Los Angeles-Brisbane, ce sont des choix qui montrent que l'institution a compris les critiques qui lui avaient été faites à la suite de l'attribution des Jeux à Sotchi, Rio, Pyeongchang et Pékin. Quand on regarde la sensibilité des athlètes et les critiques contre les violations des droits de l'Homme, on voit bien que ce n'était pas forcément la meilleure décision à prendre. Mais je suis toujours amusé que l'on fasse porter aux sportifs la responsabilité de toute une société. Des pays boycottent diplomatiquement les JO alors qu'ils ont des accords commerciaux avec la Chine. Je trouve ça génial que les Jeux olympiques mettent en lumière la problématique des droits de l'Homme, mais d'un autre côté je trouve un peu risible de s'en alerter une fois tous les quatre ans quand il y a un événement sportif dans ces pays-là et le reste du temps, faire comme si de rien n'était et de continuer à commander ses téléphones portables et téléviseurs qui viennent de Chine.»



Qu'est ce qui a motivé votre candidature à l'un des deux sièges de la commission des athlètes du CIO qui seront attribués durant ces JO-2022 après le vote des sportifs qui y participent?

J'ai envie justement de participer aux prises de décision pour que les Jeux olympiques retrouvent leur cohérence. Les JO, c'est un mastodonte et on a longtemps cru que rien ne pourrait les faire vaciller. Les JO de Tokyo nous ont au contraire montré que les JO étaient comme tout le reste, très fragiles. S'ils ne s'adaptent pas aux nouvelles exigences de notre société en matière de transparence, d'écologie, d'économie, ils ne survivront pas. Je suis un vrai passionné de l'olympisme et des valeurs que l'olympisme peut porter. Les Jeux olympiques ont changé ma vie.»

De quand date votre envie de vous impliquer dans les instances sportives?

«C'est venu assez tôt. J'étais impliqué dans les décisions de mon sport depuis un moment. Je suis membre de la commission des athlètes de la Fédération internationale de biathlon (IBU) depuis 2018, mais depuis 2016 j'ai eu la volonté d’être attentif à mon sport et à l'image qu'il véhiculait à travers notamment mon combat contre le dopage après les Jeux de Sotchi.»

La France est la nation à battre dans ces JO. Qu'est-ce que cela vous inspire?

«J'espère que les Français arriveront à conserver le niveau qu'ils développent depuis le début de saison. Les Jeux olympiques, c'est un évènement particulier mais il n'y a aucune raison qu'ils n'arrivent pas à concrétiser. Les quatre filles ont toutes le potentiel pour monter sur le podium, ce qui est peut-être moins le cas chez les hommes. On est aussi favoris en relais et j'espère que les garçons réussiront enfin à ramener l'or qui nous a échappé en 2010, 2014 et 2018 malgré des équipe magnifiques.»

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02.02.2022