Après avoir été cloué au sol par une grave blessure à un genou, Pat Burgener entend bien «plaquer un run» libérateur en finale olympique du half-pipe. Le Vaudois a profité de son immobilisation pour s'ouvrir de nouveaux horizons.
Burgener et les blessures, c'est une longue histoire. Le mal l'avait empêché de participer aux JO de 2010 et de 2014 et a failli le priver encore de ceux de 2022 en Chine. «Mais je suis là, en vie, je profite de chaque instant après m'être posé beaucoup de questions sur la vie», a confié lundi aux médias l'artiste du half-pipe, onze mois après une opération au genou gauche suite à une rupture ligamentaire.
A court de compétition et de repères depuis lors, avec juste une 10e et une 6e places en Coupe du monde avant les qualifications olympiques du half-pipe de mercredi au Genting Snow Park, Burgener a effectué une course contre-la-montre pour revenir à temps.
«Réinitialisation»
«Je me suis battu comme un malade, physiquement, mentalement et techniquement pour retrouver le niveau olympique. J'ai fait un reset (réinitialisation)», relève celui qui avait manqué le podium de peu (5e) à Pyeongchang en 2018. A Pékin, Burgener veut se concentrer sur ses figures et n'évoque pas d'objectifs en termes de résultats, sauf quand on lui pose la question habituelle des chances de médaille ou de diplôme.
En grand compétiteur qu'il est, le double médaillé de bronze aux Championnats du monde préfère esquiver, sans fermer aucune porte. «Il faudra d'abord passer les qualifications. Si c'est le cas, qui sait, ensuite, avec la magie de la finale (vendredi)... cela s'annonce ouvert», glisse-t-il.
Ce sport connaît une évolution spectaculaire, dans le sillage des tourbillonnants champions asiatiques qui multiplient les rotations et les figures toujours plus audacieuses. Corollaire, les chutes ont tendance à s'accumuler aussi. L'expérience de Burgener (27 ans) ne sera pas de trop.
Composer pour surmonter
«Le pipe, c'est toujours risqué, imprévisible. La clé est de se concentrer sur soi-même, sur sa technique. Toutes mes blessures ont été pour moi l'occasion de mieux me connaître», relève le natif de Lausanne, qui mène en parallèle sa trajectoire sportive et sa carrière de musicien. Sept ans après la sortie de son premier single, il connaît aujourd'hui un succès croissant avec ses titres en format EP.
«Ma dernière composition, je l'ai faite pendant ma blessure. Je ressentais des émotions négatives, j'ai donc décidé de sortir, à l'inverse, des vibrations positives pour me donner de l'énergie. La musique m'aide à franchir mes épreuves.»
Pat Burgener est épaté du résultat. «Ma musique cartonne et fait le buzz sur les réseaux sociaux, je reçois des centaines de messages de partout. Le Covid m'a privé de concerts, alors j'en ai profité pour faire des vidéos», dit celui qui sait s'adapter au chemin parfois tortueux que lui réserve la vie.
Du positif, le Vaudois en trouve aussi à Pékin. «Je suis ultra-étonné en bien par ces Jeux. Je les vis même mieux que ceux de Pyeongchang. Le Covid n'est presque pas un problème au Village olympique. Je suis hyperrelax et n'ai aucune revanche à prendre», conclut-il.