Michelle Gisin est bel et bien la reine du combiné. L'Obwaldienne conserve son titre olympique de Pyeongchang en devançant Wendy Holdener pour un fantastique doublé suisse.
Deuxième médaille dans ces Jeux pour Michelle Gisin. Après le bronze en Super-G, la soeur de Dominique a maîtrisé le combiné avec une manche de slalom absolument parfaite pour dominer sa collègue d'1''05. Victime d'une mononucléose l'été passé, l'Obwaldienne a lutté pour revenir au plus haut niveau. Elle rejoint dans l'histoire olympique du combiné Janica Kostelic (2002 et 2006) et Maria Höfl-Riesch (2010 et 2014), les deux seules femmes avant elle à avoir conservé leur bien dans la discipline.
«C'est fou, a relevé la désormais double championne olympique du combiné au micro de la RTS. Je suis fière d'avoir pu défendre ce titre. Ce n'est d'ailleurs qu'entre les manches que j'ai réalisé ce que cela signifiait.»
Une manche de slalom de rêve
Partie comme une fusée, Michelle Gisin n'a jamais appuyé sur le frein. Plus douce sur ses appuis, l'Obwaldienne a réalisé une manche pleine. Sur le virage court, elle a relégué Holdener à 1''06 pour un succès sans appel. «J'ai eu un rush d'adrénaline quand j'ai vu Mikaela Shiffrin sortir. Mais j'aurais voulu me battre à la régulière avec elle. Ceci dit, je pense que c'était l'une des meilleures manches de slalom de ma carrière.»
Cinquième de la descente et favorite de la compétition avec une manche de slalom piquetée par son entraîneur Mike Day, Mikaela Shiffrin n'a pas passé dix piquets! L'Américaine, en lice dans les cinq disciplines, repartira de Chine sans médaille individuelle.
«Cela nous rappelle à quel point cette discipline est difficile, analyse la vainqueure du jour. S'il y a aussi peu de filles au départ, c'est parce que ce n'est pas évident d'être performant dans les deux disciplines. Tu dois être au top. En peu de temps, il faut changer de style et passer des skis longs aux skis courts. C'est aussi le stress avec les reconnaissances et on n'a pas trop le temps de réfléchir. C'était peut-être d'ailleurs bénéfique pour moi.»
La solaire Michelle Gisin
Voir le sourire éclatant de Michelle Gisin dans l'aire d'arrivée a dû faire plaisir à énormément de monde. En Suisse, bien évidemment, mais aussi ailleurs dans le monde. Parce que l'Obwaldienne est une belle personne. Aux anges d'avoir défendu victorieusement son titre olympique, on l'a vu presque gênée d'avoir battu Wendy Holdener et de l'avoir privée d'un premier titre olympique en individuel.
On se souvient de sa réaction lors du Super-G de St-Moritz en 2017 lorsqu'elle était en tête et avait été dépossédée de sa première victoire en Coupe du monde par Jasmine Flury. Plutôt que de pester sur sa deuxième place, elle avait éclaté de joie pour sa compatriote. A l'heure de l'interview, Michelle Gisin a forcément eu une pensée pour son entourage: «Luca, mon copain, ma famille et toute l'équipe, ils ont mérité cette victoire.»
Wendy Holdener heureuse, mais...
En parlant de St-Moritz, ce doublé rappelle, dans l'ordre inverse, celui des Mondiaux disputés dans les Grisons en 2017. Double championne du monde (2017 et 2019), médaillée de bronze olympique en 2018, Wendy Holdener n'a pas réussi à aller chercher cet or qui lui manque. Disposant d'un centième de bonus sur Gisin après la descente, la Schwytzoise a fait le job en slalom pour passer devant Federica Brignone, qui a finalement pris la 3e place à 1''85 de Gisin.
«Je suis ravie parce que le premier entraînement de descente était vraiment compliqué, rappelle-t-elle à juste titre, puisqu'elle accusait entre 3 et 4 secondes de retard. Sur le slalom, je n'ai pas trouvé la limite comme Michelle qui a su skier de manière incroyable. Mais c'est quand même dur d'être proche de l'or, même si je suis heureuse de cette 5e médaille olympique. C'est vraiment beau d'être là lors des grands rendez-vous et je me réjouis d'être de la partie pour le team event.»
Troisième Suisse en lice dans ce combiné, Priska Nufer a été éliminée lors de la manche de slalom. A noter qu'avec cette cinquième médaille d'or en ski alpin, la Suisse bat le record d'une nation dans cette discipline aux JO.