Stefan Küng «J'ai encore un compte à régler avec les Jeux olympiques»

ATS, par Dominik Moser

15.7.2024 - 10:33

Depuis des années, Stefan Küng fait partie des meilleurs coureurs de contre-la-montre. Le Thurgovien de 30 ans a déjà remporté de nombreuses médailles aux Mondiaux et aux Européens, mais il attend encore de pouvoir frapper un grand coup olympique. Et plus d'une fois, la chance n'a pas été de son côté.

Stefan Küng : «J’ai encore un compte à régler avec les JO»

Stefan Küng : «J’ai encore un compte à régler avec les JO»

Depuis des années, Stefan Küng fait partie des meilleurs coureurs de contre-la-montre. Le cycliste thurgovien de 30 ans a remporté de nombreuses médailles lors des championnats du monde et d'Europe, mais il attend encore de pouvoir briller aux JO.

15.07.2024

Keystone-SDA, ATS, par Dominik Moser

Küng a fait une expérience particulièrement amère lors du contre-la-montre olympique de Tokyo en 2021. Il ne lui a manqué que quatre dixièmes sur une heure de course pour décrocher une médaille. Il veut maintenant compléter sa collection à Paris, de préférence avec l'or. Dans une interview accordée à Keystone-ATS, il parle de la recette du succès, de son nouveau vélo de contre-la-montre, de la gestion de la pression et explique pourquoi il préfère finir 10e plutôt que 4e.


Stefan Küng, comment décririez-vous votre relation avec les JO?

«Mon histoire olympique personnelle a commencé de manière très rude. En 2016, je me suis qualifié pour Rio avec le quatuor sur piste. Puis je me suis blessé peu avant les Jeux. J'ai dû regarder les compétitions à la maison depuis mon canapé. C'était un moment difficile, car c'était aussi la fin de ma carrière de pistard. Je n'ai pas pu la terminer en beauté. Ensuite, il y a eu Tokyo et le covid. Les Jeux ont été repoussés d'un an. Ce qui était impensable au départ n'était pas forcément une mauvaise chose pour moi. Physiquement, j'étais en meilleure forme en 2021 qu'en 2020. Malheureusement, j'ai manqué la médaille de bronze pour 0''4 lors du contre-la-montre. J'ai donc encore un compte à régler avec les Jeux.»

Pensez-vous encore souvent à cette journée du fait que cela s'est joué à si peu de choses?

«Non, sauf quand on m'en reparle comme maintenant. Ce n'est pas comme si je regardais en arrière avec amertume, pas du tout. C'est comme ça. De toute façon, on ne peut rien changer. L'avantage, c'est d'avoir à nouveau une opportunité.»

«Ce n'est que lorsqu’on m'a montré le résultat que j'ai pris conscience de l'amertume de la situation»

Stefan Küng

Sur sa 4e place aux JO à Tokyo

Comment vous rappelez-vous ce moment de frustration?

«Sur le moment, je ne me suis pas rendu compte à quel point c'était vraiment serré. A l'arrivée, je pensais que cela suffisait pour terminer 5e ou 6e, je n'en avais aucune idée. Ce n'est que lorsque Thomas Peter (réd: le chef d'équipe de Swiss Cycling à Tokyo) m'a montré le résultat que j'ai pris conscience de l'amertume de la situation. On a l'impression d'avoir raté quelque chose. Je ne veux pas me retrouver une nouvelle fois dans cette configuration, avec l'impression qu'il y aurait eu quatre dixièmes de plus ici ou là. C'est pourquoi je me dis que je dois y aller all-in à Paris. Je préfère finir 10e et être très offensif en termes de stratégie de rythme, plutôt que de finir encore une fois 4e. Après bien sûr, on reçoit un diplôme olympique. Le mien est arrivé un jour par la poste et traîne maintenant dans le bureau. Mais ce n'est pas quelque chose que tu accroches, surtout s'il y a une 4e place dessus.»

Pour éviter un tel sentiment de déjà-vu, vous aurez un nouveau vélo de contre-la-montre. Il porte le nom de «Supersonica». Qu'en est-il de ce véhicule high-tech que vous qualifiez d'«arme miracle»?

«L'objectif était de développer un nouveau vélo de contre-la-montre pour moi à Paris. Mais mon équipe Groupama-FDJ a changé de fournisseur de vélos pour cette saison. Il faut savoir qu'un tel projet nécessite généralement un an et demi avant que le produit final ne soit prêt pour la course. Lorsque le nouveau contrat avec la marque Wilier a été signé en août, il ne restait que huit mois. L'objectif n'était pas seulement de créer un vélo compétitif, mais le vélo de contre-la-montre le plus rapide du monde à l'heure actuelle. Il est donc d'autant plus impressionnant qu'ils y soient parvenus. Au début, j'ai accueilli le projet avec un certain scepticisme, mais cela s'est ensuite transformé en positivisme et finalement en une joie anticipée. Je n'avais encore jamais ressenti une telle sensation sur un vélo de contre-la-montre.»

Vous avez dit un jour: «Même avec le vélo le plus rapide du monde, il te faut de bonnes jambes.» Qu'est-ce qui doit aller ensemble le jour J pour que tout fonctionne?

«En fin de compte, tu dois être au top physiquement. En contre-la-montre, il est très important que tu trouves le flow, que tout s'harmonise parfaitement. Pour que tu puisses vraiment donner le 100%. Je pense que c'est surtout de cela qu'il s'agit. Toute la préparation est axée là autour.»

«Les JO ont quelque chose d'unique»

Stefan Küng

Avec les succès, la pression et les attentes augmentent également. Comment gérez-vous cela?

«Ce serait mentir que de dire que cela ne me touche pas du tout. Mais en fin de compte, il faut inverser les choses. Tous les gens qui sont derrière le projet croient en toi et se sont donnés à fond dans le développement parce qu'ils te font confiance. Ce n'est pas parce qu'ils ont tiré ton nom d'un chapeau. Cela repose sur la confiance que j'ai acquise par le passé grâce à mes performances. Lorsque je constate que tout le monde s'investit vraiment, j'en tire une motivation supplémentaire. De ce point de vue-là, la pression comporte aussi des aspects positifs.»

Si vous pouviez choisir entre l'or olympique à Paris ou le titre de champion du monde en septembre à Zurich, que choisiriez-vous?

«Je choisirais la médaille olympique, car c'est quelque chose de plus grand que notre sport. Les championnats du monde à domicile seront certainement aussi très spéciaux, avec l'avantage du terrain et tout ce qui va avec. Je m'en réjouis aussi énormément. Mais les JO ont quelque chose d'unique. Une médaille olympique, c'est ce qui me manque encore. C'est pour moi le grand objectif de cet été.»