Davantage de fonds publics pour le sport d'élite, le soutien de l'armée, l'aide à la relève, le travail des fédérations: les succès des Suisses à Tokyo ne sont pas le fruit du hasard. Le président de Swiss Olympic Jürg Stahl apporte son éclairage.
Le dirigeant zurichois est évidemment très content de la moisson de médailles (treize jusqu'à vendredi matin, dont trois d'or). «Mais attention à ne pas déjà dire que les prochains JO devront être mesurés à cette aune-là. Ce total ne constitue pas encore la norme», prévient l'ex-président du Conseil national dans une interview à Keystone-ATS
Les progrès n'en restent pas moins sensibles. Les conditions cadres pour les athlètes se sont améliorées, des programmes sport-études permettent de mieux concilier les carrières et l'engagement de l'armée pour le sport d'élite a été grandement renforcé. Exemple parmi d'autres, la tireuse Nina Christen bénéficie d'un statut de soldate contractuelle.
Programme étendu
Depuis juin 2010, pas moins de 18 sportifs et sportives sont engagés comme soldat(e)s à 50% lors de chaque cycle olympique. L'école de recrues pour sportifs d'élite offre en outre toujours davantage de places. Celles-ci passeront progressivement à 70 d'ici 2023, contre 35 avant 2020.
Après l'école de recrues, les heureux élus peuvent par exemple recevoir une solde équivalant à 130 jours de services chaque année, par exemple pour des stages d'entraînement. Un coup de pouce bienvenu en particulier pour les sports peu médiatisés.
De plus, depuis 2018, l'enveloppe allouée au sport d'élite par les collectivités publiques, Confédérations et cantons, a été augmentée de 30 millions de francs par an après l'intervention du chef de mission Ralph Stöckli. L'ancien champion de curling avait demandé plus de moyens après les JO 2016 à Rio (7 médailles) mais un important «lobbying» en amont avait déjà été fait.
La manne, souligne Jürg Stahl, est répartie dans toutes les fédérations sportives et ne représente pas un plan de soutien spécifique pour les Jeux.
Esprit d'équipe
Mais l'argent ne fait pas tout. «Les succès sont d'abord le résultat d'un travail d'équipe», estime le président de Swiss Olympic. Les fédérations effectuent un travail de fond efficace depuis plusieurs années, avec l'aide de Swiss Olympic. Le soutien à la relève paie.»
Pour un projet comme celui du relais 4x100 m féminin en athlétisme, il est clair cependant que l'aspect financier s'avère essentiel. Une grande banque, Swiss Athletics, les grands meetings de Lausanne et Zurich jouent un rôle-clé.
Jürg Stahl se félicite de la tenue de ces Jeux, en dépit du contexte délicat. «Les jeunes ont besoin de modèles. Les émotions positives contribuent aussi à encore mieux ancrer le sport dans l'espace social, politique, économique.
«Le sport permet l'expression de la joie de vivre, en sachant qu'il y a aussi beaucoup de déceptions», conclut le président.