Le match nul concédé par le Paris SG contre Brest au Parc des Princes dimanche (2-2) a mis en lumière les limites de la rotation constante effectuée par l'entraîneur Luis Enrique à deux semaines du 8e de finale aller de Ligue des champions contre la Real Sociedad.
Les journalistes aiment tenter de deviner les compositions d'équipe avant leur officialisation et Luis Enrique leur propose, cette saison, un défi de taille. Ils pourront encore une fois s'essayer à l'exercice à l'occasion du déplacement à Strasbourg vendredi (21H00).
Aucun média n'avait évidemment pu prédire que le coach, pour affronter Brest dimanche, alignerait Marco Asensio au milieu, privilégierait Randal Kolo Muani à Ousmane Dembélé, ou encore placerait la jeune recrue de l'hiver Lucas Beraldo en latéral gauche et Lucas Hernandez enfin à son poste préférentiel de défenseur central.
Et le résultat fut mitigé avec deux buts encaissés en seconde mi-temps. Brest n'est pas 3e de Ligue 1 pour rien et a puni la suffisance du PSG, qui croyait avoir assuré la victoire avant la pause.
Luis Enrique n'a pas attendu l'accession du PSG à la première place du classement de Ligue 1, le 12 novembre, pour opérer ses incessantes expérimentations. Non seulement les titulaires changent souvent, mais ils sont testés à différentes positions. Le replacement de Kylian Mbappé en pointe de l'attaque, à partir de décembre, est le cas le plus emblématique.
Il y a aussi le milieu Warren Zaïre-Emery, en ce moment employé comme latéral droit qui monte le plus souvent possible, avant le retour de sélection d'Achraf Hakimi cette semaine; Vitinha, tantôt milieu très offensif, tantôt récupérateur; Lee Kang-in, envoyé sur le flanc droit de l'attaque ou en milieu relayeur; ou encore Marco Asensio, faux numéro 9 ou milieu.
Au gré des titularisations et des sorties de banc, le temps de jeu est ainsi remarquablement partagé dans le groupe parisien, puisque parmi les joueurs de champ seul Kylian Mbappé dépasse à cette heure les 2.000 minutes de jeu cette saison.
«Impliquer»
Ensuite, 12 joueurs se tiennent entre 1.000 et 2.000 minutes, de Bradley Barcola à Vitinha. Le jeune attaquant, arrivé de Lyon et titulaire à de nombreuses reprises ces dernières semaines, est d'ailleurs l'un des bons acquis de ce turn-over qui permet de donner sa chance à chacun.
Ce «processus de recherche» est l'une des justifications données par Luis Enrique: «Nous sommes encore en phase de découverte des synergies entre joueurs, des situations, pour trouver le style exact que je veux.»
L'effectif a été profondément renouvelé l'été dernier, avec des départs majeurs - Messi, Neymar, Verratti... - et de nombreuses arrivées de joueurs en développement.
Mais Luis Enrique continuera, même après avoir trouvé l'ossature de l'équipe: «Je suis peut-être l'un des entraîneurs qui fait le plus de rotation en Europe, mon objectif est d’impliquer tous les joueurs». Plus encore, confie-t-il, «j'aime utiliser un maximum de joueurs pour qu'il y ait de la concurrence, qu'on ne sache jamais qui va jouer», que ce soient les adversaires... ou les journalistes. «Sur la base de mon expérience, je pense qu'avoir tous les joueurs impliqués et préparés est plus positif que négatif», a-t-il estimé jeudi.
Absence de repères
Le risque est une absence de repère et l'affaiblissement de la confiance de ceux qui donnent satisfaction. Ousmane Dembélé était clairement l'un d'entre eux avant la trêve mais en janvier, il était sur le banc contre Brest et lors des deux matches de Coupe de France. Warren Zaïre-Emery aussi était en forme, mais ses chevauchées du milieu vers l'attaque manquent cruellement depuis qu'il doit assurer l'intérim d'Achraf Hakimi.
Quant à Vitinha, ses bonnes habitudes de projection offensive ont quelque peu pâti de ses aller-retours aux différents postes du milieu et même sur le banc, quand après une grosse performance contre Dortmund lors de la 1re journée de la Ligue des champions (2-0), Luis Enrique s'est passé de lui contre Marseille.
Or la plus grande des échéances arrive à grands pas: le 8e de finale de Ligue des champions contre la Real Sociedad, une équipe que le PSG se doit de dominer. Le 14 février puis le 5 mars, les Parisiens se passeraient bien de certaines incertitudes.