Le départ soudain du milieu de terrain serbe Nemanja Matic, sans prévenir personne, a provoqué jeudi une vive réaction de Rennes qui perd la figure de proue de ses ambitions de qualification en Ligue des champions, déjà mises à mal sur le terrain.
Acheté pour plus de 2 millions d'euros à la Roma, Matic restait, même à 35 ans, un grand nom pour une équipe comme Rennes, lui qui avait joué à Benfica, été trois fois champion d'Angleterre avec Chelsea, évolué à Manchester United et disputé trois finales de Ligue Europa.
Dans un mercato d'été critiqué par ailleurs pour sa timidité, il était un gage donné par un club en constante progression depuis cinq ans et qui se sentait de taille à viser le top 3 cette saison.
Recruté pour être une sorte de sergent-instructeur chargé de transmettre son expérience à un effectif encore assez jeune, il a fini en déserteur.
Forfait dimanche dernier, en Coupe de France, à Guingamp, pour une «gêne musculaire» qui semblait déjà bien diplomatique, il a été pris en photo mercredi sur le quai de la gare de Rennes, attendant un TGV pour Paris, après avoir discrètement vidé son casier au centre d'entraînement en début de semaine, pour s'éclipser sans explication ni adieu.
Silence gêné du coach et des joueurs
«Nemanja Matic ne s'est pas présenté aux dernières séances d'entraînement du groupe professionnel auxquelles il était convoqué. Ce comportement est totalement incompréhensible de la part d'un joueur expérimenté sous contrat jusqu'en 2025», a tempêté le club dans un communiqué jeudi.
Mais si la méthode peut surprendre, voire choquer, ce départ survient après à un début de saison laborieux des Rouges et Noirs, 10e en Ligue 1 et dont les dirigeants avaient déjà été pris de court lorsque l'entraîneur Bruno Génésio avait profité de la trêve internationale en novembre pour jeter l'éponge.
Parti au bras de fer avec la Roma pour venir sur les bords de la Vilaine en août, Matic -- dont les prestations étaient au diapason de l'inconstance affichée par son équipe --, semble avoir rapidement regretté son choix.
L'un des points de crispation centrale pour le milieu de terrain (48 sélections) a été l'absence d'école internationale à Rennes qu'il semble avoir découverte à son arrivée.
«Le club entend rappeler que toutes les modalités nécessaires à la bonne intégration de Nemanja Matić et son entourage ont été effectuées en parfaite transparence», s'est défendu le Stade Rennais à ce sujet.
Lors de la conférence de presse avant le match contre Nice, dauphin du Paris SG, samedi (21h00) pour la 18e journée de L1, l'entraîneur Julien Stéphan et le milieu de terrain Baptiste Santamaria ont botté en touche sur le sujet.
Rennes combatif
Le coach a assuré ne se soucier que «des joueurs qu'il a à disposition» et vouloir «maîtriser ce qu'(il) peut maîtriser: nos entraînements, nos idées de jeu, nos stratégies pour le week-end».
De son côté, longtemps barré par Matic dans le onze de départ, Santamaria a assuré que les joueurs n'avaient «pas forcément d'avis par rapport» au départ du Serbe. «C'est son choix, à nous de respecter son choix».
Mais le sentiment de malaise est palpable à Rennes où le départ de Matic est vécu comme un affront.
Alors que le joueur aurait déjà trouvé un accord sur un contrat avec Lyon, selon la presse, et qu'une offre de l'OL aurait été rejetée par Rennes, le club breton n'entend certainement pas être coopératif et entend «prendre toutes les mesures nécessaires à la préservation de ses intérêts».
Avec, en plus, la cour assidue faite par Francfort, en Bundesliga, à l'avant-centre Arnaud Kalimuendo, à laquelle le joueur est loin d'être insensible, le mercato d'hiver des Bretons prend une vilaine tournure.
Alors qu'il voulait se renforcer avec un défenseur expérimenté et un buteur, il va peut-être devoir ajouter un milieu axial et un deuxième attaquant à sa liste d'emplettes dans les trois semaines qui viennent.