A 64 ans, sa passion pour le football n'a jamais été aussi ardente. Elle l'a poussé à revenir à Nice pour relever un immense défi: hisser Nice parmi les trois meilleures équipes de la Ligue 1 dont les trois coups seront donnés ce vendredi. Oui, Lucien Favre n'a pas eu peur de se mettre en danger.
Le défi est sacrément corsé pour celui qui s'est affirmé au fil des années comme le meilleur entraîneur suisse de l'histoire. La concurrence à laquelle l'OGC Nice doit faire face est féroce. Il y a bien sûr le Paris Saint-Germain, qui s'apprête à survoler le championnat porté par trois des meilleurs joueurs au monde. Lionel Messi, Neymar et Kylian Mbappé forment bien un trio qui n'a pas d'égal.
Il y aussi un Lyon avide de revanche après une saison désastreuse, un Monaco qui espère surfer sur la même vague que le printemps dernier, un Marseille et son formidable public, un Rennes qui gravit chaque année un échelon de plus et sans doute une ou deux équipes – Lille, Strasbourg? – susceptibles de déjouer tous les pronostics.
Un attaquant en attente
Malgré le soutien indéfectible d'Ineos, Lucien Favre et Nice entament leur campagne avec un temps de retard. Le mercato des Azuréens se déroule sur un mode mineur alors que Paris, Monaco et Lyon l'ont déjà pratiquement achevé. Si l'arrivée de Kaspar Schmeichel compense le refus de dernière minute de Yann Sommer de rejoindre Nice et si celle d'Aaron Ramsey ressemble à un drôle de pari, Lucien Favre attend toujours l'attaquant qui doit lui permettre d'élever le curseur. Les Niçois lorgnent Alassane Pléa, un ancien de la maison, ou Marcus Thuram, deux joueurs qui pensent sans doute à juste titre que le Borussia Mönchengladbach n'est plus une très bonne adresse en Bundesliga.
Après deux années et demie à Dortmund où son successeur Marco Rose n'a pas fait long feu, Lucien Favre s'est accordé un long break malgré les offres émises par Marseille et Crystal Palace notamment. Ce printemps, il a repoussé celle du Borussia Mönchengladbach où son retour était espéré par tous les fans pour écrire une nouvelle page à Nice. La première, marquée par cette magnifique troisième place lors de la saison 2016/2017 derrière Monaco et Paris, a laissé un souvenir inoubliable aux supporters niçois. Ils sont tombés très vite sous le charme de cet entraîneur à l'accent vaudois parfois si prononcé adepte d'un jeu léché, offensif et, surtout, maître dans l'art de faire progresser ses joueurs.
«Inventer» un nouveau Super Mario
Propriétaire du club depuis 2019 mais un brin malheureux avec le choix de ses deux premiers entraîneurs – Patrick Vieira et Christophe Galtier -, Ineos a donné les clés du camion à Lucien Favre dans l'idée de redonner à l'équipe le visage séduisant de la saison 2016/2017. On ne le répètera jamais assez, mais Nice, porté notamment par un Mario Balotelli retrouvé, avait illuminé la Ligue 1.
Aujourd'hui, Lucien Favre rêve d'"inventer» un nouveau Super Mario pour que Nice puisse à nouveau tutoyer les sommets. Avec Andy Delort, le buteur né à Sète mais qui joue pour l'Algérie, et Amine Gouiri le joyau de Lyon venu il y a deux ans, l'entraîneur vaudois possède dans son effectif deux joueurs qui peuvent faire la différence comme l'avait fait l'Italien il y a six ans. En attendant la ou les recrues que la force de frappe d'Ineos peut permettre d'enrôler à la dernière minute.
Les attentes sont donc énormes sur les épaules d'un entraîneur trop souvent brocardé par le passé pour la prudence extrême de ses discours. Mais aujourd'hui, l'ancien stratège du Servette FC a envie de se «lâcher». Lors de son intronisation, n'a-t-il pas surpris ses dirigeants avec sa volonté affichée de voir son équipe figurer parmi les trois meilleures de France? Ses paroles étaient mesurées, dictées par la conviction qu'il pouvait effectivement réussir quelque chose de grand à Nice. A lui désormais de jouer!