Manchester United a confirmé jeudi qu'il confierait la saison prochaine son équipe au Néerlandais Erik Ten Hag, un entraîneur hyper-méticuleux qui devra s'atteler à une tâche pharaonique, le redressement du club.
«Manchester United est ravi d'annoncer la nomination d'Erik Ten Hag en tant qu'entraîneur de l'équipe première», écrivent les Red Devils qui précisent que le coach de 52 ans s'est engagé jusqu'en 2025, avec une saison supplémentaire en option.
Double champion des Pays-Bas, et peut-être bientôt triple, avec l'Ajax Amsterdam, qu'il avait emmené en demi-finale de la Ligue des champions en 2019, Ten Hag est un choix audacieux mais pesé.
C'est le résultat d'une réflexion qui couvait avant même le limogeage d'Ole Gunnar Solskjaer, fin novembre, l'Allemand Ralf Rangnick n'ayant toujours été qu'un intérim pour permettre aux Mancuniens de se déterminer.
Patience
L'entraîneur du PG, Mauricio Pochettino, cible de longue date de Manchester et qui connaît la Premier League (Southampton, Tottenham), a longtemps tenu la corde.
Mais Ten Hag a patiemment construit sa carrière pour saisir ce type d'opportunités.
Il s'est reconverti dans le coaching dès sa retraite de joueur à 32 ans, après dix saisons au FC Twente, entrecoupées de passages à De Graafschap, au RKC Waalwijk ou au FC Utrecht.
Après un passage par les équipes de jeunes, il intègre le staff de l'équipe première de Twente où il impressionne l'ancien sélectionneur de l'Angleterre, Steve McClaren.
«Jamais rien vu de tel»
«Au lendemain de ma nomination (en 2008), il a amené son classeur et il y avait six semaines d'entraînement de reprise planifiées à l'intérieur (...). Je n'avais jamais rien vu de tel», a raconté récemment le technicien anglais à The Athletic. Sa capacité d'analyse a aussi épaté ce vieux briscard.
«Je pensais connaître le football avant ça, mais en vivant ce que j'ai vécu... Je ne connaissais rien du football», a-t-il poursuivi.
«Il voyait des choses en cours de match que personne d'autre ne voyait, moi compris (...) Ses ajustements en cours de match... Je veux dire, j'ai travaillé avec Sir Alex (Ferguson, à Manchester United) et je trouvais que certains de ses remplacements et de ses modifications étaient bizarres, mais ça marchait. Avec Erik, c'était pareil», a-t-il ajouté.
Après avoir ramené les Go Ahead Eagles dans l'élite pour sa première saison comme coach principal, en 2013, Ten Hag surprend tout le monde en acceptant d'entraîner la réserve du Bayern Munich en 4e division allemande.
Pendant deux ans, il y côtoie l'élite européenne et surtout Pep Guardiola, tout juste nommé à la tête de l'équipe première, dont il partage l'obsession dévorante pour la tactique et pour le moindre détail dans la préparation de son équipe.
«Cent choses peuvent bien se passer, si une chose rate, c'est ce que les gens retiendront», avait-il clamé dans une interview en 2018.
Synthèse idéale
Toujours calme sur le terrain et en dehors, il est une sorte de synthèse idéale entre l'exigence de Louis van Gaal et José Mourinho et la gestion «douce» d'un Solskjaer, ses prédécesseurs à ce poste.
Il n'a, en tout cas, pas choisi la facilité avec ce poste sur lequel des entraîneurs chevronnés se sont cassé les dents.
L'ampleur du chantier, avec un effectif qui va perdre Paul Pogba, Edinson Cavani, Nemanja Matic, probablement Jesse Lingard et Dean Henderson, voire Anthony Martial ou Eric Bailly, aurait de quoi en intimider plus d'un.
Pour réussir, il lui faudra aussi composer avec des stars au moral en berne, comme Marcus Rashford ou Jadon Sancho, et d'autres peu adaptées à sa philosophie, basée sur un pressing intense, comme Cristiano Ronaldo.
A pied, à cheval
Mais à l'Ajax, il a su à la fois faire progresser des jeunes et remobiliser des joueurs confirmés comme Dusan Tadic, Daley Blind ou Sebastien Haller.
Pour que la greffe prenne, les Red Devils devront mettre leur recrutement au service d'un projet de jeu très spécifique, plutôt que de viser des grands noms à tout prix.
«Le succès arrive à pied, mais il peut s'enfuir à cheval», avait glissé Ten Hag dans une interview en 2017.
Reste à savoir si les Red Devils, sevrés de trophées depuis 2017, partageront son approche si patiente.