Allumer moins longtemps les projecteurs des stades, indispensables y compris lors des matches en plein jour: en Italie, le football aussi est appelé à maîtriser sa consommation d'énergie.
Il doit faire face aux risques de pénurie cet hiver et aux enjeux climatiques. Ce n'est qu'un «premier pas», pour donner «un exemple vertueux dans un moment difficile de crise énergétique», a admis le patron de la Serie A, Lorenzo Casini, en annonçant des mesures visant à réduire de 25% la durée de l'éclairage dans les stades.
Depuis le week-end dernier, les projecteurs doivent être allumés quatre heures maximum, en tout en pour tout. Pour les matches en journée (jusqu'à 18h00), l'éclairage complet n'est plus requis qu'une heure avant le coup d'envoi, contre 90 minutes auparavant, durée toujours en vigueur pour les rencontres de 20h45.
Se passer des projecteurs en journée n'est pas envisagé: une luminosité parfaite et uniforme est nécessaire aux diffuseurs TV comme au fonctionnement des technologies comme l'assistance-vidéo (VAR) ou la Goal Line, permettant de dire si un ballon a franchi la ligne de but, souligne la Ligue.
Ce «premier pas» fait écho à d'autres en Allemagne (le Bayern a limité l'éclairage extérieur de son stade) et aux débats en France sur l'éventuelle suppression des matches nocturnes ou, après la blague du «char à voile» de l'entraîneur du PSG Christophe Galtier, sur les déplacements des équipes.
Baisser la facture
L'annonce de la Serie A s'inscrit dans le cadre des mesures d'économies adoptées en Italie, prévoyant notamment une réduction du chauffage cet hiver (température abaissée dans les bâtiments, période et durée quotidienne de chauffage raccourcies).
Au-delà de l'urgence énergétique, la Ligue assure être engagée dans une réflexion plus globale sur la sobriété énergétique des stades: un groupe de travail est en place et doit examiner les stades du championnat un par un.
A court terme, la poignée d'enceintes non encore équipées d'éclairage à LED le seront rapidement. A plus long terme, l'idée est d'encourager l'installation de panneaux photovoltaïques et de systèmes de chauffage d'origine renouvelable.
Avec un vrai intérêt économique pour des clubs italiens exsangues après la pandémie de coronavirus. Car même si les stades sont publics pour la plupart, «ce sont les clubs qui paient les factures», rappelle-t-on au sein de la Ligue.
«La prise de conscience du monde du football augmente sur les sujets environnementaux», assure à l'AFP Tiberio Daddi, chercheur à l'Institut de gestion de l'Ecole supérieure Sainte-Anne de Pise, spécialiste des questions d'environnement et de sport.
«Et l'impact d'un match de football est réel, cela a du sens de regarder ce qui peut être fait», ajoute cet expert, qui travaille notamment avec la Juventus sur l'impact des activités du club.
«Cela a du sens»
Selon ses travaux, basés sur des données du Betis Séville, un match génère des émissions de gaz à effet de serre équivalant au CO2 que peuvent absorber quelque 2400 arbres en un an.
Si un club a peu de marge sur des sujets comme les déplacements des supporters, poste majeur d'émissions pour les événements sportifs, il «en a davantage» en ce qui concerne la consommation énergétique au stade, observe ce chercheur.
Au-delà de l'éclairage des matches, les systèmes de lampes simulant la lumière du jour pour stimuler la croissance de la pelouse constituent une autre source d'économie importante, selon lui: «Ils sont très utilisés, or il existe aussi des technologies LED» moins énergivores, rappelle le chercheur.
Au Stadio olimpico de Rome, enceinte gérée par l'organisme public Sport e Salute, un autre «premier pas» a eu lieu l'an dernier avec l'installation de LED dans tous les espaces, pour un gain de consommation estimé à 30%.
«Mais c'est un long parcours (...) Sur toutes les installations sportives en Italie, on doit réfléchir à la façon de travailler en cette période qui va devenir très compliquée, notamment en octobre et novembre», indique à l'AFP Diego Nepi Molineris, directeur général de cet organisme chargé de promouvoir le sport dans le pays.