Samedi soir lors du slalom nocturne de Madonna di Campiglio, Daniel Yule a remporté la première victoire de sa carrière en Coupe du monde. Un succès qui rejaillit sur tout le groupe des slalomeurs suisses.
"Je ne suis pas vraiment redescendu de mon nuage, reconnaît Daniel Yule quelques heures après son triomphe italien. Quand j'ai décidé de faire du ski de compétition, je n'ai jamais cru pouvoir dire en étant jeune que je gagnerais un jour une course de Coupe du monde et là je viens de le faire."
Et le Daniel Yule des années "école de ski" ne pouvait pas savoir qu'il allait se retrouver au plus haut niveau durant l'ère Hirscher-Kristoffersen. Une ère où espérer terminer sur la plus haute marche du podium tient presque de la science-fiction. Il s'agit donc de savoir profiter d'une fenêtre de tir extrêmement courte, comme Andre Myhrer à Pyeongchang lors des Jeux ou Felix Neureuther à Levi en 2017.
De quatre à un
Quatrième du premier parcours avec 0''66 de retard sur Marcel Hirscher, le Valaisan est en lice pour un podium. Il réalise un excellent deuxième run et met la pression sur ses adversaires. Marco Schwarz, 3e de la manche initiale, se classe 2e à 0''34. Dans le portillon de départ ne restent plus que Henrik Kristoffersen et le maître Marcel Hirscher.
"Quand Marco Schwarz passe derrière, je me dis que j'ai un podium, analyse le Valaisan. Et que comme en haut il n'y a plus que les deux extraterrestres, on part du principe qu'ils vont passer devant. Et d'un coup on a un anticlimax. On s'attend à un super spectacle et ça finit en queue de poisson. Je vois Hirscher qui s'arrête et voilà, la course est finie."
L'histoire est encore plus belle si l'on se remémore le scénario de la course de l'an dernier. Hirscher s'était imposé avec 0''04 d'avance sur Luca Aerni et Daniel Yule avait fini 4e à 0''07 de l'Autrichien pour ce qui constituait à l'époque le meilleur résultat du skieur du Val Ferret en Coupe du monde. "Thierry (réd: Meynet, l'un des entraîneurs de Swiss-Ski) m'avait dit que ça valait une victoire, se souvient Daniel Yule. Cela m'avait énervé parce que pour moi ça valait une 4e place!"
Yule le gladiateur
Très concentré, le Valaisan a fait tout juste: "Je me réjouissais avant la 2e manche. J'adore les slaloms en nocturne. Il s'y dégage un côté arène de gladiateurs avec pas mal de tensions et ça me pousse à me dépasser."
Et Daniel Yule a pu compter sur les encouragements de son pote Justin Murisier, en convalescence: "Il m'a envoyé un message en disant que je devais leur montrer qui était le numéro un. On se pousse entre nous dans l'équipe et cela nous donne un petit stimulus en plus. On vit en équipe, mais on a la fierté de vouloir être le plus rapide."
Le Valaisan va maintenant prendre un peu de temps pour lui et passer Noël en famille avant de se lancer dans la nouvelle année avec un mois de janvier et ses slaloms à la pelle. "Mais je ne vais pas me reposer sur mes lauriers", prévient-il. Personne n'en doute.