Beat Feuz et Marco Odermatt sont de retour en Coupe du monde. Tous deux ont apprécié de pouvoir jouir d'une pause après avoir décroché de l'or aux Jeux olympiques de Pékin. Ils se sont confiés à Keystone-ATS Sport.
Feuz a gagné la descente olympique, six jours avant qu'Odermatt ne fasse de même en géant. A Kvitfjell, tous deux vont disputer trois épreuves de vitesse, soit deux descentes et un super-G, avec évidemment des chances réelles de bien figurer. Interview.
Trois semaines se sont écoulées depuis vos dernières courses. La pause était-elle nécessaire ou est-ce qu'elle a été trop longue?
Beat Feuz: «Pour moi, cela a été une belle période. Nous avons rarement l'occasion d'être aussi longtemps à la maison pendant l'hiver. J'en ai bien entendu profité avec ma famille. Le temps a passé vite.»
Marco Odermatt: «Pour moi, cela n'a pas fait trois semaines, donc le temps m'a paru encore plus court que pour Beat. C'était la seule vraie pause durant la saison. Cela m'a fait beaucoup de bien. On devrait avoir de temps en temps deux semaines de repos. Maintenant, je suis de retour et très motivé pour les trois dernières semaines. C'était tout autrement l'an passé, la Coupe du monde avait repris directement après les Mondiaux. Je me disais alors: encore trois semaines. Cette fois, je me réjouis.»
Cette période a-t-elle aussi été importante pour digérer les émotions ressenties à Pékin ?
Feuz: «Oui, d'un côté. Mais j'ai déjà vécu pas mal de choses durant ma carrière. Pour moi, les plus grosses émotions ont été le jour où j'ai gagné l'or. Je n'ai plus besoin d'avoir trois semaines ensuite pour digérer de tels moments.»
Odermatt: «Je n'ai évidemment pas le même vécu que Beat. Mais j'ai aussi déjà obtenu beaucoup de jolis succès. Si je compare avec Adelboden: le lundi, je me suis rendu à Wengen et je n'ai donc même pas eu 48 heures pour absorber tout ce qui a suivi ma victoire dans le géant. Donc ici après les JO, il y a eu bien assez de temps.»
Quand avez-vous pris conscience que vous étiez devenu champion olympique ?
Feuz: «En fait, déjà dans l'aire d'arrivée. Quand le dossard 30 est arrivé, j'ai réalisé. Mais c'était quand même difficile juste après de dire que j'étais champion olympique lors des interviews. Au plus profond de moi-même, je le savais. J'ai aussi ressenti toutes les répercussions, même si l'ambiance en Chine ne pouvait pas être comparée avec Adelboden, Wengen ou Kitzbühel. Mais ce titre olympique est sans doute quelque chose d'unique pour moi, et un nouveau jalon dans ma carrière.»
Odermatt: «Un champion olympique reste toujours la même personne. Pour moi, c'est peut-être différent par rapport à Beat, pour qui c'était peut-être la dernière chance. Mais le soulagement a été aussi grand en ce qui me concerne. Autour de moi, tout le monde attendait ça. Le fait d'y être arrivé lors de ma première participation va certainement m'aider lors des prochains grands rendez-vous.»
Combien de temps a effectivement duré votre pause avant que vous ne soyez à nouveau sur les skis ?
Feuz: «Jusqu'à mon arrivée à Kvitfjell. Je suis parti en Norvège samedi passé, j'ai fait du ski libre le dimanche et quelques manches de super-g le lundi».
Odermatt: «Avant d'arriver à Kvitfjell, je n'étais remonté sur les skis que pour une randonnée. Je ne me suis pas non plus entraîné».
Il était certainement primordial de refaire le plein d'énergie avant le sprint final de la saison. Marco, vous allez ainsi disputer huit courses dans les 15 prochains jours, plus deux entraînements de descente lors des finales à Courchevel...
Feuz s'interpose et rit: «C'est quasiment la moitié de mon programme complet de la saison».
Odermatt: «Oui, ce sera à nouveau très intense. Mais quand tout va bien, avec le titre olympique et les bons classements en Coupe du monde, on aborde les dernières courses avec un peu plus de décontraction».
Feuz: «Ces presque trois semaines de pause ont fait du bien au corps et à l'esprit. La semaine avant Kvitfjell, j'ai relevé le niveau de l'entraînement physique, comme Marco».
Vous êtes d'excellents coéquipiers, mais aussi des rivaux dans la lutte pour la Coupe du monde de descente. La situation doit être particulière...
Odermatt : «Pour moi, c'est surtout bien d'être encore dans le coup jusqu'à la fin. Mais la Coupe du monde de descente est loin d'être un objectif réaliste à mes yeux. Il y a deux descentes ici, dans lesquelles je ne vais pas forcément jouer la victoire. Or, il faut des victoires pour être en tête du classement à la fin. C'est pourquoi je pense que Beat ne me considère pas comme son concurrent le plus féroce dans la lutte pour le Globe».
Feuz: «Il faut toujours garder un oeil sur Odi. Mais il en va de même pour les autres coureurs qui entrent encore en ligne de compte pour le Globe. A part lui, ce sont tous des routiniers. Avec (Matthias) Mayer, Vince (Vincent Kriechmayr), Domme (Dominik Paris) et (Aleksander) Kilde, tout est possible».