Marc Rochat «Ça a été un poids énorme qui s'est levé de mes épaules»

Nicolas Larchevêque

8.10.2024

Après plusieurs années de galère, Marc Rochat compte aujourd’hui parmi les meilleurs slalomeurs au monde. Fraîchement promu au sein de l’équipe nationale de Swiss-Ski, le Vaudois de 31 ans savoure et entend enfin atteindre les sommets cet hiver en Coupe du monde de ski alpin.

Marc Rochat : enfin un podium cet hiver en Coupe du monde ?
Marc Rochat : enfin un podium cet hiver en Coupe du monde ?
KEYSTONE

Nicolas Larchevêque

Son abnégation a fini par porter ses fruits. Marc Rochat vient, à 31 ans, de passer un cap : il a été promu pour cette nouvelle saison de ski alpin dans le cadre national de Swiss-Ski. «C’est un pas important. Et puis, je m'établis aussi gentiment dans le monde de la Coupe du monde, ce qui est aussi très positif», a savouré le Vaudois lors d’un point-presse début octobre à Dübendorf.

Mais avant d’atteindre ce nouveau statut, le skieur lausannois a dû parcourir un chemin semé d’embuches et miné par des pépins physiques à répétition. «J’estime que je ne serais probablement pas là si je n’avais pas eu ces blessures, parce que ça a été pour moi une expérience de vie extraordinaire de laquelle j'ai énormément appris. Sincèrement, sans ces moments difficiles, je n’aurais jamais eu la hargne, ni la force de continuer à me battre indéfiniment», a-t-il reconnu.

Et cela a fini par payer. Depuis maintenant deux hivers, Rochat est parvenu à se tailler une place parmi les meilleurs slalomeurs de la planète. La saison dernière, il a ainsi tutoyé les sommets à plusieurs reprises, se classant cinq fois dans le top 10 d’une discipline où la concurrence fait rage. Preuve qu’il a réussi à franchir un palier. «J'ai trouvé la constance que je n'avais, jusqu'à l'an dernier, jamais eue. J'ai enfin touché à ça, au fait de pouvoir rentrer après tous les week-ends avec des points dans la poche, des résultats prometteurs et puis du plaisir. Tout cela, je le garde, c'est une expérience supplémentaire», a-t-il analysé.

«J’ai retrouvé cette joie et compris pourquoi je fais ce sport»

Marc Rochat

Pour Rochat, atteindre de telles performances se base sur plusieurs éléments. «Il y a eu deux facteurs. Le premier, c'est évidemment une saison 2022/2023 qui a bien tourné, avec ma première qualification à un événement majeur : les championnats du monde (à Courchevel-Méribel). Ça a été certainement un événement clé. Et puis le deuxième, c’est le simple fait de retrouver du plaisir à faire ce que je faisais parce que mon corps me le permettait aussi», a-t-il expliqué. 

Avant d’étayer ses propos : «Le simple fait de pouvoir me lever le matin et de savoir que j'allais être capable de performer à mon meilleur niveau sans cette peur de me dire que, potentiellement, j'allais devoir m'arrêter après deux manches à cause de mon dos, ça a été un poids énorme qui s'est levé de mes épaules. Cela m'a certainement permis aussi de retrouver cette joie et de comprendre pourquoi je fais ce sport.»

En abordant dorénavant «les choses de manière très sereine» et en s’écoutant «beaucoup plus qu'avant», Marc Rochat entrevoit la suite de sa carrière avec philosophie. «Je commence gentiment à avoir un œil sur les plus anciens. C’est aussi le chemin que j'espère pouvoir suivre parce que rien n'est jamais gagné ou donné dans notre sport. Une carrière peut s'arrêter du jour au lendemain. Mais au vu de ma forme actuelle, tant physique que sur les skis, et aussi avec cette sérénité que j'ai gagné ces dernières années, j'espère pouvoir la tirer aussi longtemps que possible.»

Un premier podium et une victoire à «Adel» ? 

Une ligne manque encore toutefois à son livre pour que sa belle histoire se transforme définitivement en conte de fées : un podium en Coupe du monde. Le technicien, qui a effectué ses classes sur les pistes de Crans-Montana, est pourtant déjà passé tout proche d’un tel exploit. Lors du slalom des finales à Soldeu en 2023, il avait terminé au pied du podium. Et lors du dernier exercice, il avait échoué d’un rien dans sa quête à Adelboden (5e à 21 centièmes de la boîte) et à Schladming (4e pour... 6 centièmes).

Il semble que voir le nom de Marc Rochat inscrit dans le top 3 d'une course ne soit plus qu'une question de temps. Le principal intéressé y croit en tout cas dur comme fer et se permet de rêver en grand. «Si on regarde les trois dernières années, je suis passé de la 30e à la 18e, puis à la 9e place (du classement du slalom). Rien ne m'empêche d'aller chercher les premiers rangs cette année. En tout cas, j'y crois et si je n’y croyais pas, je ne serais pas là», a-t-il martelé.

En tant que Suisse, ce dernier aimerait ainsi briller et s’imposer sur la mythique piste du Chuenisbärgli, à Adelboden. «Mais après, je ne vais pas être très compliqué, je vais prendre n'importe laquelle», a plaisanté le Lausannois. Rendez-vous donc dès le 17 novembre prochain à Levi, théâtre du premier slalom de l’hiver, pour voir peut-être le rêve de Marc Rochat se réaliser...