Il y a dix ans, Dominique Gisin remportait l'or olympique à Sotchi. Pour blue Sport, elle se souvient de ce jour qui a marqué sa vie.
Dominique Gisin (38 ans) est de bonne humeur au musée d’Engelberg, où se tient actuellement une exposition sur les 15 athlètes originaires du village qui ont représenté la Suisse aux Jeux olympiques. Un nombre record pour une commune de 4000 habitants. Au troisième étage, une salle est consacrée aux deux sœurs Gisin. On y trouve notamment les skis de descente de Dominique, avec lesquels elle a foncé vers l'or olympique à Rosa Khutor à Sotchi en 2014.
Les demandes des médias sont encore nombreuses pour Gisin, mais elle refuse la plupart d'entre elles. Pour le 10ème anniversaire de son titre olympique, elle a fait quelques exceptions. Cela signifie beaucoup pour elle que l'on se souvienne de ce jour et que l'on inaugure même une statue en son honneur. Ce fameux 12 février 2014 a marqué sa vie, dit-elle, mais ne l'a pas changée en tant que personne.
Cette journée du sacre est emblématique de la carrière de la spécialiste de la vitesse. Jusqu'alors, elle avait toujours été freinée par des problèmes de santé. Comme la jeune femme de 28 ans n'était jamais montée sur un podium en descente, elle a dû passer par les qualifications internes de l’équipe de Suisse. «Cela ne m'était jamais arrivé auparavant. J'ai douté et j'ai lutté», se souvient-elle.
Ce n'est qu'au troisième entraînement qu'elle s'est assurée la dernière place qualificative pour participer à la course. «A partir de ce moment, j'étais comme libérée et j'avais confiance en moi pour la descente. Cette piste était exigeante, ce n'était pas le coup de foudre», confie l’Obwaldienne.
«Omi - do esch d'Dominique ...»
Lorsqu'elle s'est présentée au départ avec le dossard numéro 8, Dominique Gisin était consciente que c'était probablement sa dernière chance de briller dans des JO. «J'étais convaincue que je pouvais remporter une médaille. Mais je ne savais pas quel métal», se remémore-t-elle.
Après une descente quasiment parfaite, elle a laissé toutes ses concurrentes derrière elle. Jusqu'à ce que la Slovène Tina Maze réalise le même chrono qu’elle avec le dossard numéro 21 : «Quand le temps de Tina s'est affiché en vert, je me suis dit : ‹c'est l'argent›. Ce n'est que lorsque j'ai regardé à nouveau que j'ai vu le classement ex-aequo», s’enthousiasme la soeur de Michelle. Pour la première fois dans l'histoire olympique, il y a eu deux gagnantes en descente.
En décrochant cette médaille d'or, Gisin a fait exulter tous les Suisses devant leur télévision. Son coup de téléphone depuis le siège de leader a touché beaucoup de monde. Gisin, d'habitude si réservée dans ses relations avec les médias, a oublié que l'on était filmé non-stop à cet endroit et a téléphoné à ses grands-parents. Sa grand-mère a répondu à l'appel. La suite est connue et fait partie désormais de l'histoire de la télévision : «Omi - do esch d'Dominique ...».
«J'ai ressenti le besoin de partager mon bonheur avec mes grands-parents», raconte-t-elle dix ans plus tard, «parce qu'ils m'ont toujours soutenue, qu'ils ont participé à de nombreuses courses et que j'ai souvent pu vivre avec eux pendant mes innombrables jours de rééducation. Et parce que la santé de mon grand-père était mauvaise». Son grand-père est décédé deux mois après la victoire de Gisin. En revanche, sa grand-mère est toujours en vie et est devenue arrière-grand-mère depuis un peu plus d'un an.
«La plus grande déception»
L'or de Sotchi est-il une sorte de récompense pour les nombreuses déceptions et les moments difficiles ? Gisin pense qu'on peut voir les choses autrement : «Si tu persévères et si tu donnes toujours tout, le bonheur finira par te trouver».
Dominique Gisin est bien placée pour le savoir. En effet, avant Sotchi, elle avait déjà subi neuf opérations du genou. Quatre ans plus tôt, aux Jeux olympiques de Vancouver, elle avait connu «la plus grande déception» de sa carrière. Alors qu'elle était en course pour une médaille, elle avait chuté violemment lors du saut d'arrivée et avait été éliminée.
Cette époque est révolue depuis longtemps, tout comme les années où les frères et sœurs Gisin d'Engelberg formaient un trio unique en Coupe du monde. Seule Michelle, la plus jeune, skie encore aujourd'hui. Son frère Marc, père d'un fils de treize mois, est co-responsable des grands succès de Marco Odermatt en tant que directeur de course chez Stöckli. Chez la famille Gisin, «folle de ski», le sport n'est plus le sujet numéro un aujourd'hui. «Ce sont les enfants», conclut Dominique en souriant.