Alexia Paganini Alexia Paganini: "C'est clair que c'est un sacré choc"

ATS

7.7.2020 - 06:05

Entraînée par Stéphane Lambiel, Alexia Paganini découvre la vie en Suisse. La triple championne de Suisse, 4e aux Européens, espère que le Valaisan saura faire jaillir son étincelle intérieure.

De New York à Champéry. En quelques semaines, le quotidien d'Alexia Paganini a été chamboulé. Débarquée des Etats-Unis à la mi-mai pour bénéficier de l'aide de Stéphane Lambiel, la patineuse américano-suisse a décidé de faire de la station valaisanne son «camp de base». A 18 ans, la patineuse née à Greenwich d'un père grison, a pris la décision d'opérer de grands changements. «Pendant la quarantaine, j'ai eu le temps de réfléchir à ce que je voulais faire pour la suite de ma carrière, ce que j'avais envie de changer et ce que j'avais besoin de faire pour parvenir à franchir un palier supplémentaire, appuie-t-elle. Je devais faire quelque chose pour progresser. J'avais besoin d'un grand changement sur de nombreux aspects, autant au niveau du patinage que de la philosophie.»

Avant de faire de Stéphane Lambiel son coach, la New-yorkaise a profité des crédits offerts par la fédération. Comme l'explique la présidente de Swiss Ice Skating, Diana Barbacci Lévy, la fédération a engagé Stéphane Lambiel à 50% et offre des crédits aux patineuses et patineurs du pays. Un peu comme des bons à utiliser pour recevoir les conseils du maître. Alexia Paganini a choisi de les utiliser.

«Un immense potentiel»

Et visiblement la collaboration lui a plu puisqu'elle a rapidement décidé de changer de coach et de suivre les préceptes du Valaisan. «Cela s'est fait assez naturellement, raconte le Valaisan. Je ne me suis pas posé tant de questions lorsqu'elle a fait la demande pour venir s'entraîner. Comme n'importe quelle athlète suisse, elle a ses crédits et elle les utilise. Je ne me suis pas projeté plus que ça. Je connaissais Alexia l'athlète, mais je ne la connaissais qu'à travers ses performances. J'ai découvert qu'elle avait quelque chose en plus en tant qu'athlète et en tant que personne. Elle a un immense potentiel sur la glace accompagné d'une personnalité très simple, d'une très grande discipline et d'une envie de travailler. Ses valeurs étaient proches de nos valeurs à l'école.»

De la bouillonnante Big Apple au calme champêtre du Val d'Illiez ou comment faire un 180 degrés dans sa vie. «C'est clair que c'est un sacré choc, mais j'aime bien parce qu'il n'y a pas trop de distractions et je peux rester concentrée sur mon entraînement, glisse la jeune athlète. Et après plutôt que de traîner en ville, je peux aller marcher en montagne ou cuisiner. Et puis je peux toujours aller à Lausanne.»

Un planning structuré

En Valais, Alexia Paganini a trouvé un cadre de travail idéal avec un planning structuré et un groupe d'athlètes dont font partie par exemple le Japonais Shoma Uno (vice champion olympique) et le Letton Deniss Vasiljevs (6e des derniers Européens). «A New York, je devais m'occuper de moi-même en fait, explique Alexia Paganini. Il fallait tout gérer. Trouver un coach, un préparateur physique, un chorégraphe. A Champéry, la journée est planifiée quand on monte sur la glace et le travail hors glace se fait avec le même préparateur physique. Aux Etats-Unis, ce n'était pas un groupe contrairement à ce qui se passe ici. Et si tu n'es pas motivée un matin, tu as le groupe pour t'aider et te pousser.»

Lorsqu'on lui demande d'évoquer Stéphane Lambiel le coach, Alexia Paganini ne tarit pas d'éloges à son sujet: «J'aime la façon dont il patine, évidemment, mais j'ai apprécié son approche avec les patineurs et la manière dont ses patineurs parlent de lui. J'aime sa façon de coacher en étant positif. Il a une approche très individuelle avec les patineurs. Il travaille en profondeur avec chaque élève pour en tirer le meilleur. Son but c'est que l'élève soit en accord avec sa propre façon de patiner pour être heureux, pas juste pour obtenir des résultats.»

Relever des défis

L'artiste valaisan fonctionne au feeling: «J'adore les défis et la personne qui vient à Champéry doit vouloir relever des défis. Si je vois quelqu'un qui a cette flamme dans les yeux, il suffit «juste» de trouver le défi. Alexia possède une marge de progression et elle doit sortir de sa zone de confort. Mon rôle, c'est de la mettre en confiance dans un environnement propice et la faire aller là où elle pense ne pas être capable d'aller, comme un quadruple par exemple.»

Le programme provisoire de la jeune patineuse comprend pour l'heure un ou deux Grands Prix, une compétition Challenger (réd: la catégorie en-dessous), les championnats de Suisse à Lucerne et ensuite les Européens à Zagreb. Mais la pandémie de COVID-19 peut encore faire évoluer les choses. Ce qui est certain, c'est que la jeune Suissesse s'épanouit au contact de celui qui fut double champion du monde en 2005 et 2006. «J'aime vraiment son état d'esprit, notamment sur les sauts, conclut-elle. Comme il a arrêté il y a peu mais qu'il continue en gala, il comprend complètement notre vie, comment on pense et ce qu'on ressent en tant qu'athlète. Il va comprendre nos réactions quand on va rater quelque chose.»

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