Yule Yule: "Cinq-six ans en arrière, j'étais tellement mauvais"

ATS

10.7.2020

Les techniciens helvétiques ont repris contact avec la neige lundi à Zermatt. L'occasion de faire le point avec les Romands Daniel Yule, Loïc Meillard et Tanguy Nef.

Daniel Yule: "Aujourd'hui, je travaille pour que tous les virages soient bons."
Daniel Yule: "Aujourd'hui, je travaille pour que tous les virages soient bons."
Keystone

On pourrait presque parler de rentrée des classes. Sur les stories des comptes Instagram des techniciens suisses, on pouvait ressentir le plaisir de retrouver ce revêtement blanc qui les fait tous saliver. Ciel bleu immaculé avec le Cervin en toile de fond, une partie de glacier réservée pour eux et la joie d'être à nouveau «en famille», géantistes et slalomeurs ont eu droit à un retour sur neige idyllique. «Quel plaisir de pouvoir ressentir à nouveau ce sentiment de liberté après dix semaines en salle de force», image Loïc Meillard.

Cette impatience se traduit sûrement parce que les skieurs ont été parmi les premiers à «goûter» aux effets néfastes du COVID-19, puisque la situation s'est emballée fin février/début mars et que leur saison a dû être arrêtée brutalement. Mais au final, la vie des athlètes n'a pas été autant chamboulée que ça. Hormis les tests de matériel au mois d'avril, leur printemps a furieusement ressemblé aux autres printemps. «On a eu dix semaines loin de la neige, raconte Loïc Meillard depuis la terrasse de l'appartement qu'il partage avec Marco Odermatt, Thomas Tumler et Gino Caviezel. Alors oui, on a fini un mois plus tôt, mais on recommence les entraînements deux semaines avant par rapport à une saison normale.»

Eviter la routine

Vainqueur de trois slaloms l'hiver dernier, régulier sur les skis, Daniel Yule a la banane sans pour autant tomber en pâmoison: «Je suis super content de recommencer, mais en toute franchise le ski libre sur glacier, ce n'est pas ce qui me stimule le plus. Ceci étant, je suis content de retrouver les minipics (réd: les petits bouts de piquet utilisés pour simuler les piquets de porte) et de ressentir cette ambiance du groupe. Mais je me réjouis qu'on refasse des choses un peu plus sérieuses à partir de la semaine prochaine.»

COVID oblige, il n'y aura pas de sessions d'entraînement en Amérique du Sud ou en Nouvelle-Zélande, mais une intense utilisation des ressources valaisannes à Zermatt et Saas Fee. Pas de quoi déranger des garçons pourtant habitués à la bougeotte tout l'hiver. «On était déjà resté en Suisse l'été passé, précise le vainqueur du globe du parallèle, Loïc Meillard. L'intérêt de changer de lieu pour les entraînements, c'est d'éviter de tomber dans une forme de routine.»

Pour Yule, il va surtout être question de détails cet été: «Durant ces trois semaines, il va falloir reposer les bases techniques sur des tracés de slalom, souligne celui qui est le meilleur Suisse de l'histoire de la discipline. Cinq-six ans en arrière, j'étais tellement mauvais que c'était facile de faire des corrections. Maintenant, j'arrive à un niveau plutôt correct, mais je remarque aussi que cela me demande davantage mentalement que par le passé. C'est excitant de travailler sur des tout petits détails. Avant je pouvais me dire que je devais travailler parce que la moitié de la manche n'était pas bonne, là c'est un virage qui ne va pas. Aujourd'hui, je travaille pour que tous les virages soient bons, mais c'est très demandant à tout point de vue.»

Des tests à Amnéville

Comme les skieurs ont dû rentrer chez eux en mars, ils n'ont pas eu le temps de tester le matériel en vue de l'exercice suivant. Et ce n'est pas maintenant qu'ils vont le faire. Contrairement à ses collègues Luca Aerni et Justin Murisier, Tanguy Nef n'a pas changé de marque, mais il se rendra en août en Moselle pour effectuer des tests. «On ira dans une halle à Amnéville pour tester du matériel avec Fischer, explique le Genevois. La neige de glacier est une neige «morte» hyper facile à skier que l'on ne rencontre jamais en Coupe du monde. Pour les skis de slalom, on a la chance de pouvoir bénéficier de l'excellent travail de Daniel (réd: Yule). En géant c'est un peu plus compliqué, parce que la marque n'a plus de géantiste au top depuis la retraite de Thomas Fanara.»

L'étudiant à la prestigieuse université de Dartmouth dans le New Hampshire se réjouit de pouvoir préparer sa saison cet été. En repoussant ses trois derniers mois d'étude au printemps 2021, le Genevois s'est assuré une saison complète: «Ca fait du bien parce que la dernière saison où j'ai pu skier tout un été, c'était il y a quatre ou cinq ans. Et souvent je commençais en septembre à la bourre. Là, je suis plus relax parce qu'on a vraiment du temps. Mon objectif va être d'attaquer la saison avec beaucoup plus de consistance.»

Un sentiment partagé par Loïc Meillard: «On a eu le temps de nous entraîner physiquement sans stress et de travailler sur des points précis que l'on n'aurait pas eu la possibilité de faire autrement. On a pu faire des blocs de trois semaines avec notamment une imitation de manche faite de squats et de sauts pendant une minute à une minute trente. Quand on a terminé ce bloc, on a vraiment eu besoin d'une semaine pour s'en remettre.»

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