Matthieu Bailet «Il y avait un risque, je l'ai mesuré objectivement»

ATS

14.12.2022 - 10:16

A l'image de Matthieu Bailet, engagé en Coupe du monde à Val Gardena de jeudi à samedi, plusieurs skieurs ont changé de matériel cette saison. Un choix risqué qui demande rigueur et patience, sans garantie de réussite.

Le Français Matthieu Bailet est passé de Salomon à Head.
Le Français Matthieu Bailet est passé de Salomon à Head.
Getty Images

Entre les différents modèles de ski, les fixations, les chaussures, à adapter selon le tracé, la météo ou le type de neige, les réglages sont infinis en ski alpin et rendent le matériel prépondérant. «Changer de marque de ski c'est comme changer d'écurie en Formule 1», analyse le Français Matthieu Bailet, passé de la marque française Salomon à l'autrichienne Head cet été, pour l'instant avec succès (5e en Super-G à Lake Louise, 8e en descente à Beaver Creek).

«J'ai presque tendance à oublier que j'ai du nouveau matériel, explique le Niçois de 26 ans, convaincu. Il y a encore des mouvements où la réaction du matériel me perturbe. Le ski réagit en une fraction de seconde, il y a encore des choses qui me surprennent, j'ai besoin de kilomètres, notamment sur certaines conditions de neige. Fin décembre, nous irons à Bormio sur des pistes très glacées, des choses que je n'ai pas encore essayées avec ces skis.»

«Il y avait un risque, je l'ai mesuré objectivement. Mais je suis quelqu'un qui met du risque dans mon ski, dans la vie. J'ai recherché, en conservant ma folie et mon engagement, un ski apportant de la stabilité», ajoute-t-il.

«Enrichissant»

Dans de nombreux exemples, le changement affecte durablement les résultats. Arrivé chez Head depuis Atomic en 2017, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde avait dû faire marche arrière deux ans plus tard, et avait conquis le gros globe de cristal dès son retour.

Parti cet été dans le sens inverse de Matthieu Bailet, de Head à Salomon, le géantiste Mathieu Faivre se cherche encore, après deux courses décevantes à Sölden (24e) puis à Val d'Isère (23e). «Je dois être patient! Il y a des journées frustrantes, parfois on aimerait que ça se passe plus facilement, mais dans la démarche de changer de matériel il y a aussi l'apprentissage de savoir comment relayer mes sensations pour le développement du matériel. J'ai plus appris en trois mois que depuis le début de ma carrière sur le matériel. C'est enrichissant», veut positiver le champion du monde 2021.

«A 30 ans, j'avais besoin d'une nouvelle dynamique pour repartir sur les skis avec la fraîcheur de la découverte. Ca demande de s'habituer à une nouvelle organisation, mais le plus gros risque c'est de rester dans un train-train», estime-t-il.

Parmi les cadors ayant changé de crèmerie, Michelle Gisin a quitté Rossignol pour Salomon. Surtout, le Norvégien Henrik Kristoffersen a créé un séisme en quittant lui aussi Rossignol pour rejoindre Van Deer, la toute nouvelle marque créée par l'ancien roi du ski Marcel Hirscher avec le soutien de Red Bull.

«Je ne vois pas du tout ça comme une prise de risque, assure «Kristo». Dans l'équipe il y a Marcel, le meilleur testeur de ski du monde, son ancien technicien, son père... Ils ont tellement d'expérience.» Pas sorti du top 6 en trois courses cette saison, le champion du monde 2019 de géant s'estime déjà «très heureux» chez un équipementier qui ne compte pour l'instant que trois skieurs dans ses rangs.