Ski alpin Ski alpin : inquiétude autour de la future descente du Cervin

Nicolas Larchevêque

18.8.2021

Nicolas Larchevêque

18.8.2021

Plusieurs acteurs du Cirque blanc ont fait part de leurs inquiétudes concernant la nouvelle piste du Cervin. Cette dernière doit accueillir des courses de la Coupe du monde masculine de ski alpin dès 2023.

Membre du projet, Didier Défago a défendu la future piste du Cervin.
Membre du projet, Didier Défago a défendu la future piste du Cervin.
Keystone

Le plan de Swiss-Ski et de la fédération italienne de ski (FISI) a-t-il déjà du plomb dans l'aile ? En mai dernier, les deux institutions avaient annoncé qu'elles étaient en bonne voie pour accueillir dès 2023 des courses de la Coupe du monde de ski alpin dans la région de Zermatt et Cervinia (Italie).

Ces compétitions se dérouleront alors sur le Cervin et compteront notamment une descente masculine de près de 5 km, soit la plus longue du monde. Il est également prévu que cette épreuve démarre à environ 4'000 mètres d’altitude sur le sol helvétique, avant de se terminer en Italie à 2'800 mètres. Ce qui en ferait la première course internationale de l'histoire, ainsi que la plus élevée de la planète. Mais ce projet fou italo-suisse pourrait bien être remis en question.



En effet, plusieurs membres du Cirque blanc ont émis leurs doutes. À commencer par Dominik Paris, vainqueur du globe de cristal 2019 en Super-G, qui a estimé que la course sera trop dangereuse. «Si vous devez participer à une course avec des sections de glisse aussi longues à cette altitude extrême, cela aura un effet négatif sur la sécurité des coureurs», s'est ainsi inquiété l'Italien de 32 ans, selon les propos relayés par le «Blick».

Comme le rapporte toujours le média alémanique, Beat Feuz a également fait part de ses craintes. Pour le skieur bernois, le vent jouera un trop grand rôle à une telle altitude, même dans des conditions météorologiques favorables. Légende du slalom allemand et retraité depuis 2019, Felix Neureuther a, lui, pointé du doigt l'aspect durable de la piste.

Didier Défago et les organisateurs réagissent 

Face à ces critiques, les responsables du projet ont réagi. Mandaté pour dessiner le tracé, Didier Défago a déjà déclaré que celui-ci sera plus court que prévu. La descente du Lauberhorn à Wengen restera donc la plus longue avec ses 4,4 km. «J'ai raccourci la piste d'un bon kilomètre. Le temps de course se situera aux alentours des 2 min 20», a indiqué le Valaisan, champion olympique de descente en 2010, dans les colonnes du «Blick».

Avant de répondre aux craintes de Paris : «Ce n'est pas vrai que cette piste contient de nombreuses sections de glisse où la perte d'énergie est importante. Ce secteur ne dure qu'une quinzaine de secondes, ce qui est plus court qu'à Kitzbühel ou Beaver Creek.»

De son côté, le président du conseil d'administration des transports de Zermatt, Franz Julen, s'est voulu rassurant concernant la météo. «Nous voulons organiser cette course en novembre. Et en novembre dernier, nous aurions été incapables de skier depuis le sommet. Mais les statistiques à long terme montrent que ce mois est très stable en termes de conditions météorologiques», a-t-il assuré.

Même son de cloche sur la question de la durabilité : «Ce projet répond même aux normes les plus élevées en matière de durabilité, car une grande partie de l'infrastructure existe déjà. Les touristes skient déjà sur 95% du domaine skiable. Ainsi, seuls des ajustements très mineurs sont nécessaires, aucune forêt ne sera défrichée et aucune nouvelle remontée mécanique ne sera construite.» Suffisant pour convaincre les sceptiques du Cirque blanc ?