Sélectionnée par Swiss-Ski pour le parallèle et le slalom des Championnats du monde, Camille Rast débarque à Cortina avec enthousiasme et envie de bien faire. La skieuse de Vétroz s'est confiée avant son entrée en lice mardi.
Camille Rast, comment avez-vous accueilli votre sélection pour ces Championnats du monde de Cortina ?
"Déjà, c'est trop bien d'être là. Ensuite, trois Suissesses avaient répondu aux critères de qualification en slalom. Il restait donc une place de libre. Il fallait ainsi que je réussisse une bonne performance pour confirmer mon ticket. Cela a été fait à Flachau (ndlr : 6e). Il était ainsi acquis que je m'aligne à Cortina en slalom. Swiss-Ski m'a toutefois annoncé par la suite que je pouvais aussi faire le parallèle grâce un peu à mon résultat de Lech (ndlr : 34e) et surtout suite à la blessure d'Andrea Ellenberger. Ce forfait a ainsi libéré une place. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. A moi d'en profiter."
Du coup, comment allez-vous aborder ces joutes mondiales ? N'est-ce que du bonus à vos yeux ?
"C'est clair qu'on ne met pas un dossard pour faire de la figuration. On veut toujours montrer le meilleur de soi-même et aller de l'avant. Je vais toutefois déjà me concentrer sur le parallèle car il y a des qualifications à passer. On va prendre un jour après l'autre. Les compétitions s'enchaînent, mais ce ne sont pas forcément les mêmes. Il faut réussir à changer de mode d'un jour à l'autre et on va tout donner."
Après 19 mois d'absence en Coupe du monde suite à une blessure au genou, vous aviez effectué votre retour à Sölden en octobre dernier. Imaginiez-vous alors être sélectionnée pour ces Mondiaux ?
"Non, je pensais utiliser cet hiver comme une saison de retour. Je voulais essayer de marquer des points en Coupe d'Europe afin de faire ma place en Coupe du monde la saison prochaine. Les choses se sont finalement accélérées et cela me permet d'être là. Ce n'est donc que du bonheur."
Un bonheur que vous aviez déjà connu à Saint-Moritz il y a quatre ans. Qu'avez-vous retenu de votre première expérience ?
"En 2017, je m'étais alignée en géant, pas en parallèle et en slalom comme cette année. A cette époque, il s'agissait de ma première véritable année sur le circuit de la Coupe du monde. J'étais alors dans la peau d'une outsider. J'étais ainsi la rookie des Mondiaux, lesquels avaient en plus eu lieu à la maison. C'était vraiment une autre ambiance. On avait vraiment senti les fans derrière nous. Aux Mondiaux, ce sont certes des courses d'un jour, mais j'ai appris qu'il faut les voir comme de simples courses de Coupe du monde. Il ne faut donc pas les appréhender, mais juste les skier. C'est ce que je vais tenter de faire, comme je l'avais fait à Flachau. J'avais alors réussi à montrer une bonne performance."
Avec les nombreuses médailles suisses, la pression est certainement aussi moins élevée dans le clan helvétique, non ?
"De toute façon, je ne pense pas que la pression des médailles était sur mes épaules (rires) ! C'est plutôt à moi de jouer le rôle d'outsider, mais c'est clair que c'est toujours plus agréable d'arriver dans une équipe où les chefs et les athlètes ont le sourire. L'ambiance est bonne et on sent vraiment cette énergie positive qui peut pousser toute l'équipe vers l'avant."
Une bonne émulation qui pourrait vous portez mardi lors du parallèle. Quel est votre point de vue sur cette discipline particulièrement controversée ?
"Je n'ai jamais fait de combiné, mais je pense que je le préfère au parallèle. Les parcours de géant en parallèle ne sont toutefois pas une mauvaise idée car ils nous détruisent un peu moins que les parcours de slalom. A mon avis, il faudrait par contre adapter les skis. Ces derniers devraient être beaucoup plus courts - environ 180 centimètres - avec un rayon beaucoup plus fermé de 25 mètres. Ce serait préférable aux skis actuels - 188 centimètres chez les femmes et 193 centimètres chez les hommes - et aux rayons de 30 mètres. Ces adaptations sur les skis permettraient de rendre le parallèle un peu plus agréable pour les athlètes et le show pourrait aussi être meilleur pour le public."
Une véritable saison de Coupe du monde de parallèle permettrait-elle aussi de rendre cette discipline plus crédible ?
"On est avant tout des skieurs alpins. On a donc l'habitude d'être seuls au sommet. Si on avait voulu sentir un coéquipier à nos côtés, on serait plutôt parti dans le skicross (rires) ! On voit d'ailleurs que certains favoris ne s'alignent même pas dans cette discipline. La FIS ne doit donc pas forcer les athlètes à faire du parallèle, mais plutôt trouver un juste milieu. Cela pourrait être intéressant de mettre un peu de pep's en milieu de saison avec des événements de la sorte en nocturne. Ces derniers pourraient alors attirer du monde en bas des pistes."
Finalement, comment avez-vous préparé cette épreuve ? Avez-vous opté pour des entraînements spécifiques ?
"Au jardin des neiges en ville de Sion, il y a deux départs de parallèle. J'ai ainsi pu profiter de cette chance pour faire quelques départs à la maison. Cela m'a aidé à me mettre le rythme des bips dans la tête et à retrouver cette énergie qu'on doit avoir lorsqu'on sort du portillon. Le but était vraiment de trouver quelques réglages au niveau de la hauteur de mes mains au départ par exemple."