Ramon Zenhäusern veut à nouveau rejoindre pas à pas les meilleurs en slalom. Fortement handicapé par une blessure à l'épaule, le Valaisan veut que la saison dernière reste unique.
Une chute à l'entraînement il y a 13 mois à Kabdalis en Suède fut à l'origine d'une saison majoritairement frustrante. Son épaule touchée allait conditionner ses courses. Dans la liste de départ de la Coupe du monde, il est tombé de la 4e à la 25e place.
En entretien avec l'homme au double mètre, quelques jours avant le premier slalom Coupe du monde de l'hiver à Val d'Isère, il a été beaucoup question de cette blessure. Il a également évoqué les risques nécessaires pour se mouvoir entre les piquets. Interview.
Ramon Zenhäusern à l'occasion d'une nouvelle saison tout repart de zéro. Où se situe ce zéro pour vous?
«Avec le dossard 25. C'est une situation bien différente des autres années.»
Cela montre que la saison dernière pour la première fois depuis plusieurs hivers, tout est allé dans la mauvaise direction?
«Oui. C'était bien la première fois. Je pense que cela fait partie d'une carrière de sportif. Cela ne peut pas aller toujours vers le haut. Il y a eu l'hiver dernier, quelques mésaventures qui sont arrivées, à commencer par l'épaule, puis le dos après Noël et pour finir encore le coronavirus. Aujourd'hui, je me réjouis de me retrouver physiquement au top.»
Que signifie au top? Est-ce que la longue histoire avec l'épaule droite est passée?
«L'hiver dernier, je ressentais mon épaule lors de chaque activité – en enfilant une veste ou même en dormant. Pour moi, tout ça est derrière moi.»
Cela signifie que vous avez retrouvé la totalité de votre liberté de mouvements?
«Oui. Et du côté de la puissance, je suis tout près de retrouver la forme d'avant. Ce fut une longue affaire. J'avais un peu sous-estimé le tout.»
Vous l'avez sous-estimé et les médecins aussi?
«Les médecins ont jugé cela du côté de la médecine. De leur point de vue, il n'y avait pas de danger que la blessure s'aggrave. Je pensais que ce n'était pas avec l'épaule que je skiais. Mais la blessure gênait, même inconsciemment, tout mon système pour le slalom. Je plaçais mon corps sous un mécanisme de protection.»
«Je pensais que ce n'était pas avec l'épaule que je skiais»
Votre subconscient vous a-t-il freiné?
«Définitivement. Ce fut du ski avec une fonction de protection. Skier en slalom c'est un peu comme faire du funambulisme. Avec l'épaule droite, je ne pouvais plus contrebalancer parce que j'avais toujours peur de me blesser à nouveau.»
Est-ce que vous n'avez jamais envisagé de prendre une pause?
«Après coup, j'agirais autrement. J'aurais offert à mon corps quelques semaines de repos. J'ai subi la blessure en novembre. Il s'en est suivi des explications et la confirmation qu'il n'y avait aucun risque d'un point de vue médical. Je me suis retrouvé sur les skis cinq jours plus tard bien que cela me «pinçait» parfois dans l'épaule.»
Au printemps, d'autres clarifications ont suivi. Une opération n'était-elle pas dans l'air?
«Comme la blessure datait de quatre mois et demi, je voulais donner la chance à mon corps de guérir lui-même la blessure. Aujourd'hui, je suis plutôt confiant qu'une opération ne sera pas nécessaire.»
«Ce serait difficile de tenir le niveau si tu n'es pas prêt à 100%»
Sur le plan mental, il n'y a plus de problème? Vous arrivez à ne plus penser à la blessure lorsque vous êtes en piste?
«Oui, je pense.»
C'est particulièrement important quand on voit ce qui se passe en slalom?
«Oui. Ce serait difficile de tenir le niveau si tu n'es pas prêt à 100%.»
Vous étiez jusqu'à présent un coureur, qui ne cherchait pas toujours le risque absolu. Serez-vous désormais contraint de courir avec cette tactique?
«Il est évident que nous devons toujours nous donner à fond. A l'entraînement, je me suis malgré tout concentré sur la technique, et j'ai longtemps couru, jusqu'il y a trois semaines, sans prendre mes temps.»
Malgré tout, vous sentez-vous prêt à prendre tous les risques dimanche?
«Oui. J'ai déjà simulé parfois ces dernières semaines. De toute façon, je ne crois pas que j'ai eu beaucoup de succès sans avoir pris de risque.»