Le monde du bobsleigh découvre actuellement la piste des JO de Pékin 2022. Les équipages suisses se sentent presque comme des extraterrestres, comme Swiss Sliding l'explique dans un carnet de route sur son site internet.
Cela ne s'était encore jamais produit. Quatre mois seulement avant les Jeux olympiques, les meilleurs bobeurs et bobeuses de la planète découvrent enfin cette nouvelle piste. La raison de ce «retard», bien sûr, est le Covid-19, qui avait provoqué l'annulation des finales de la Coupe du monde en mars dernier.
La piste sous son meilleur jour
Les Suisses et d'autres équipes étrangères ayant pu se permettre de payer les coûts horriblement élevés vont passer trois bonnes semaines en Chine pour un camp d'entraînement pas comme les autres. Le nouveau site de Yanqing est gigantesque.
«Ce qu'ils ont réalisé ici est presque incroyable», s'enthousiasme Rico Peter, ancien pilote de haut niveau aujourd'hui responsable du bobsleigh à Swiss Sliding. Toute la piste est couverte, dit-il. «Vous pouvez même marcher sur le toit de la piste et profiter de la vue et du soleil».
Mais les Suisses sont surtout là pour apprendre à connaître au mieux le nouveau parcours. Au total, 25 Helvètes s se sont rendus à Yanqing, les pilotes Michael Vogt, Simon Friedli, Michael Kuonen, Martina Fontanive et Melanie Hasler, onze pousseurs ainsi que six membres de l'encadrement. Les spécialistes de skeleton Marina Gilardoni et Ronald Auderset sont également présents.
Les vols ont coûté à eux seuls plus de 90'000 francs suisses, auxquels s'ajoutent les frais de transport du matériel qui ont considérablement augmenté. Swiss-Sliding a pu couvrir les coûts grâce aux aides de la Confédération. «Sinon, nous n'aurions pas pu nous le permettre», explique Fabienne Meyer, cheffe technique.
Bulle hermétique
Même le voyage au début de la semaine dernière fut long et hasardeux. Les Suisses ont voyagé pendant près de 45 heures depuis Francfort sur l'un des deux vols charters destinés à toutes les délégations, seul moyen d'éviter la quarantaine de 21 jours qui est obligatoire. Les Chinois prennent le virus très au sérieux.
«Même dans l'avion, nous avions l'impression d'être en mission sur Mars», raconte Michael Vogt. Tous les membres du personnel de cabine étaient ainsi vêtus de combinaisons de protection. Et en arrivant à Pékin, «nous n'avons pas seulement été testés, mais littéralement désinfectés. Nous nous sommes demandé s'ils ne nous avaient pas pris pour des extraterrestres», raconte le Schwytzois de 23 ans.
Il va sans dire que les cracks du bobsleigh se déplacent également dans une bulle hermétique entre la piste de bob et l'hôtel. Le bus est toujours accompagné d'une escorte policière, sans doute un avant-goût des conditions qui régneront pendant les Jeux olympiques.
Mais, et c'est là l'essentiel, les conditions d'entraînement sont excellentes, et les Suisses en tirent le meilleur parti. «Nous avons aménagé une salle de musculation dans un parking souterrain et sortons régulièrement pour faire du jogging ou des sprints sur la piste voisine de 400 mètres», rapporte Vogt. Même la nourriture a meilleur goût que ce que l'on craignait, ajoute-t-il.
Très spécial et unique
«Nous nous portons bien», lâche Rico Peter. «Et nous avons encore beaucoup de travail à faire sur la piste pour trouver la bonne ligne», poursuit le médaillé de bronze des Championnats du monde 2016 de bob à 4, qui décrit cette piste aux 16 virages comme «très spéciale et unique». Il n'y a pas de «danger de crash», mais le parcours est «très sélectif dans de nombreux virages, lignes droites et chicanes».
À l'exception de Michael Kuonen, qui rentrera plus tôt, les Suisses vont rester en Chine jusqu'au 26 octobre. La saison de la Coupe du monde débutera ensuite à Innsbruck le 20 novembre et se terminera le 16 janvier avec les Championnats d'Europe à Saint-Moritz.