Thomas Tumler (34 ans) traverse enfin une belle phase dans sa carrière tourmentée. Grâce à sa volonté et son esprit de combattant, le Grison skie mieux que jamais.
«Relève-toi une fois de plus que tu es tombé». Tumler a fait sienne cette maxime qui résume assez bien le parcours du skieur de Samnaun. Celui-ci est souvent tombé, plus que la plupart de ses concurrents, mais il s'est chaque fois relevé, porté par la certitude d'avoir malgré tout les capacités pour se rapprocher des sommets.
Certes, le Grison n'a pas (encore) renversé les montagnes. Mais il a franchi de nombreux écueils. A sa place, beaucoup auraient abandonné et rangé les skis. Il a parfois brièvement flirté avec cette idée, surtout quand son corps ne supportait plus les charges de travail. «Mais quand je n'avais plus mal, le ski retrouvait sa place en tête de mes préoccupations», dit-il.
Un dos fragile
Le fil rouge de sa carrière, ce sont des soucis de dos. Il a été perturbé dès son jeune âge. Il y a sept ans, une hernie discale l'avait contraint à mettre un terme prématuré à sa saison. Tumler n'a pas voulu se faire opérer, et diverses thérapies l'ont remis sur pied.
Mais après une chute à l'entraînement un peu moins de quatre ans plus tard, la hernie discale a fait son retour. Là encore, le skieur a voulu traiter le problème de manière conservatrice, avant de se résoudre à une opération quelques semaines plus tard. Une fois encore, sa saison prenait fin de manière anticipée, avant d'avoir vraiment commencé.
Deux ans après un inattendu exploit à Beaver Creek, Tumler se retrouvait au fond du trou. Au Colorado, il avait obtenu un étonnant troisième rang en géant dans une discipline où il n'avait alors jamais fait mieux que 26e ! Il avait ainsi mis fin à une longue attente: le dernier podium suisse en géant remontait à sept ans et neuf mois lors du succès de Carlo Janka à Kranjska Gora.
La confirmation de ce résultat – qui avait «guéri beaucoup de blessures» pour Tumler – ne s'est pas produit. Son deuxième podium en Coupe du monde, 14 mois plus tard, n'a eu que peu de signification (2e en géant parallèle à Chamonix).
Un pas décisif
Quatre ans de déceptions ont suivi. L'opération au dos a laissé des traces, le skieur a perdu confiance et n'osait plus se libérer. La fin de carrière semblait proche.
Le Grison a sans doute réussi un pas décisif l'hiver dernier en se classant 16e du deuxième géant de Kranjska Gora. Il a ainsi obtenu les points nécessaires pour figurer parmi les 25 meilleurs de la discipline et disputer la finale à Soldeu. En Andorre, Tumler a pris la cinquième place, soit le deuxième meilleur résultat de sa carrière.
Tout semble désormais rouler pour lui: la collaboration avec les entraîneurs et le staff marche bien, l'harmonie règne au sein de l'équipe et le partenariat avec sa marque de skis (Stöckli) lui convient. Il dévale les pentes avec des modèles plus durs. «Quand je devais skier avec des dossards plus élevés, de tels skis étaient hors de question pour moi», remarque-t-il.
Mais il fait désormais partie du gratin en géant, avec le septième rang de la discipline. Tumler reste sur quatre tops 10, dont deux quatrièmes places à Palisades Tahoe et Aspen. Il pourra donc désormais s'élancer parmi les meilleurs. Ce ne sera pas samedi à Kranjska Gora, la course ayant été annulée et remplacée par le slalom prévu le lendemain. Il devra patienter une semaine de plus jusqu'à la finale de Saalbach.