Marco Odermatt attaque la première de ses trois missions aux Championnats du monde à Courchevel. Le Nidwaldien est l'un des favoris du Super-G agendé jeudi.
Avancer que Marco Odermatt est le favori de l'épreuve ne risque pas de faire lever les sourcils. Sur les six Super-G disputés jusqu'à présent, «Super Marco» en a enlevé quatre. Les deux autres ? Il a pris la 2e et la 3e place ! Et comme la dernière impression demeure la plus présente, on se souvient qu'il a dégoûté la concurrence à Cortina avec deux succès en 24 heures, une semaine seulement après sa légère blessure au genou contractée lors de la première descente de Kitzbühel.
Odermatt a mis du temps à réaliser que «quelque chose n'allait pas dans son genou : «J'ai d'abord pensé que j'avais perdu la course, puis que j'avais une nouvelle course le lendemain et donc une nouvelle chance». Malgré la douleur, le détenteur du gros globe n'a pas interrompu sa course. «Je ne voulais pas que tout le monde voie que quelque chose n'allait pas et j'ai continué jusqu'à l'arrivée.»
Des soins en Bavière
Odermatt n'a été soulagé qu'après une IRM. «Avant cela, j'avais des sentiments mitigés, se souvient-il. Je savais que mon genou n'était pas en miettes. Mais je savais aussi qu'il pouvait s'agir à nouveau d'une blessure plus grave au ménisque, qui aurait nécessité une opération comme il y a trois ans et aurait signifié la fin des espoirs de participer aux Mondiaux.»
La contusion au ménisque subie il y a près de trois semaines a été traitée dans une clinique de Schliersee. C'est Beat Feuz qui a établi le contact avec les spécialistes bavarois, qui ont déjà aidé plus d'un sportif de haut niveau à se remettre sur pied. Durant cette période, il a encore plus pris conscience du fil sur lequel il évolue, de cette nécessité de repousser ses limites pour gagner des courses. Cet incident sans gravité sur la Streif a été selon ses dires «une gifle au bon moment», comme un précieux rappel de ne pas tout risquer à chaque course.
Odermatt était en tout cas prêt à prendre des risques lors des deux Super-G de Cortina. «Ces deux victoires m'ont surpris, dit-il. Car après une blessure, il s'agit de retrouver confiance en son corps et se reconstruire.» Et «Odi» l'a remarquablement fait. Il a une fois de plus prouvé son immense force mentale, sa capacité à se concentrer sur son objectif malgré une expérience désagréable et à faire abstraction de tout ce qui l'entoure.
Pas se polluer l'esprit
La guérison de son genou gauche s'est tellement bien passée qu'Odermatt se sent à nouveau «en très très bonne santé». Les attentes du public sont donc légitimement élevées. Le Nidwaldien conserve néanmoins sa sérénité. «Je ne veux pas faire mon obstiné, confie-t-il. Je ne suis pas comme ça, je ne l'ai encore jamais fait. J'ai trois bonnes chances. Si ça marche, tant mieux. Si cela ne fonctionne pas, je n'ai pas l'intention de mettre un terme à ma carrière à la fin de cet hiver.»
Odermatt le dit et en rit. Il se montre également détendu avant les courses les plus importantes de l'hiver. Le fait qu'il ait déjà une médaille d'or (réd: celle du géant aux derniers JO), des globes et qu'il ait déjà remporté de nombreuses victoires cette saison, simplifie encore sa situation. Depuis le mois d'octobre, il compte huit victoires, quatre en géant et quatre en Super-G.
Les autres Suisses en lice s'appellent Loïc Meillard, Stefan Rogentin et Gino Caviezel. La présence du frère de Mauro n'a pas franchement plu à Justin Murisier qui aurait aimé une qualification interne, étant donné que Caviezel n'a pas obtenu de podium. Il s'est classé 4e à Beaver Creek, mais avait fait 3e lors des finales de la saison dernière à... Courchevel.
Parmi les adversaires d'Odermatt, le plus important se nomme Aleksander Aamodt Kilde avec ses deux victoires. Le Norvégien est le seul athlète avec Odermatt à avoir remporté un Super-G cet hiver. Victorieux du combiné avec le meilleur temps sur la manche de Super-G, Alexis Pinturault pourrait tirer son épingle du jeu. Tout comme le champion du monde en titre Vincent Kriechmayr.