Et si le titre du FC Zurich n'avait été qu'une parenthèse? Avant les trois coups samedi du dernier Championnat de Super League à dix équipes, la question est légitime. Le FCZ aura toutes les peines du monde à conserver sa couronne.
Le départ de l'entraîneur André Breitenreiter à Hoffenheim, le transfert d'Assan Ceesay à Lecce et le probable envol vers l'Angleterre de la pépite Wilfried Gnonto laisseront trop de traces pour désigner le FC Zurich comme l'un des grands favoris à sa propre succession. Nouveau mentor du club de Letzigrund, Franco Foda devra démontrer qu'il peut être un entraîneur à succès ailleurs qu'en Autriche.
Un nouveau duo qui promet
«Seulement» troisièmes la saison dernière en raison notamment d'une défense trop vulnérable qui a accusé une série de seize matches de rang sans le moindre «clean sheet», les Young Boys remontent au front avec la ferme intention de remporter un cinquième titre en six ans. Ils le font avec un nouvel entraîneur en la personne de Raphaël Wicky, sans doute avide de revanche quatre ans après avoir été limogé d'une manière abrupte par le FC Bâle.
Après s'être ressourcé aux Etats-Unis et être revenu en Suisse pour veiller à la santé de son père, le Valaisan est prêt à relever le défi. Il pourra le faire avec un nouveau duo d'attaque qui promet énormément. La paire formée par Cédric Itten et par Jean-Pierre Nsamé, deux buteurs en quête de rachat, n'a pas d'égal en Super League.
Face au transfuge des Rangers et à l'ancien roi des buteurs de la Super League, le FC Bâle répondra par Zeki Amdouni. L'ancien buteur de Lausanne sera le fer de lance de l'équipe d'Alex Frei. Le Genevois de 21 ans, qui rêve de disputer la Coupe du monde au Qatar, peut s'affirmer comme l'atout no 1 d'un club qui a animé comme jamais le mercato. On a pu croire que le FC Bâle finalisait un transfert par jour comme si son propriétaire David Degen était entraîné dans une véritable fuite en avant pour combler le déficit structurel d'un club estimé à près de 14 millions de francs.
L'un des choix les plus curieux de David Degen fut ainsi de pousser Heinz Lindner, le meilleur gardien de la Super League, vers la sortie pour faire une place à Marwin Hitz. Le patron du FC Sion Christian Constantin a saisi l'aubaine pour renforcer un secteur de jeu trop en souffrance à ses yeux. La venue de l'Autrichien traduit les ambitions présidentielles qui ne collent pas à son discours bien trop précautionneux.
Malgré tous ses dires, Christian Constantin conserve une force de frappe financière impressionnante. En Valais, les conditions offertes aux joueurs demeurent extrêmement généreuses. «CC» espère que les moyens engagés se verront sur la pelouse même si la présence sur le banc de Paolo Tramezzani suscite quelques réserves. L'entraîneur italien sait admirablement assurer un maintien. En revanche, il n'a encore jamais doté son équipe d'un véritable fond de jeu.
Une absence de moyens qui interpelle
Avec le seul dixième qui risque la relégation à condition de perdre un barrage contre le troisième de la Challenge League, cette saison de transition doit permettre à Paolo Tramezzani et au FC Sion de penser uniquement à soigner la jouerie. A Genève, on cherchera à promouvoir la relève au sein d'un club dont l'absence de moyens financiers interpelle.
Malgré le soutien de l'un des plus grands horlogers du pays, le Servette FC est resté pratiquement inactif sur le marché des transferts. A l'heure où le FC Sion engage le gardien de l'équipe d'Autriche, le directeur sportif Philippe Senderos cherche son bonheur en deuxième division néerlandaise ou dans la France profonde. Dernier club romand sacré Champion de Suisse – c'était en 1999 -, le Servette FC n'est pas près de renouer avec son passé glorieux.
Bien frileux en Suisse romande, l'engouement pour cette saison 2022/23 est, en revanche, immense en terre alémanique. Les abonnements à l'année se sont vendus comme des petits pains notamment à Berne et à Saint-Gall. A Winterhour où l'on attendait depuis 37 ans un retour dans l'élite, le club a même dû très vite stopper les ventes. Le plafond des 4100 abonnements qui avait été fixé a été très vite dépassé.
Ce soutien populaire que rencontrent tous les clubs alémaniques, à la notable exception des Grasshoppers, explique à la fois pourquoi le titre échappe aux autres depuis le début du siècle et pourquoi l'arbitrage est parfois bien déroutant. Comme si Servette, Sion et aussi Lugano avaient raté le bon train à un moment donné.