Belinda Bencic vise le titre avec l'équipe de Suisse lors du tournoi final de la Billie Jean King Cup en Ecosse. Dans un entretien avec Keystone-ATS, elle analyse sa saison avant le début du tournoi, parle de son nouveau coach et de la serviabilité des gens.
Les Suissesses et vous en particulier semblez souvent vous surpasser lorsque vous jouez pour la Suisse. Peut-on l'expliquer?
«C'est tout simplement un sentiment. Quand je joue pour moi et que je gagne, c'est bien sûr aussi un sentiment formidable, mais en équipe, l'émotion est encore plus grande. On joue aussi pour les autres et nous avons une si belle alchimie dans notre équipe. Je sais que cela fait cliché, mais c'est vraiment le cas et cela fait toute la différence. Ca me donne des ailes sur le terrain et j'espère que cela va continuer.»
Vous êtes connue pour être une joueuse montrant ses émotions. L'équipe vous aide-t-elle spécialement à les vivre ou à les canaliser pour en faire quelque chose de positif?
«Quand on joue seule et qu'on est un peu déprimée, c'est comme ça. Si l'une des membres de l'équipe est dans le creux de la vague, nous pouvons toujours la tirer vers le haut. On peut s'aider mutuellement. C'est comme en double, si une coéquipière traverse une mauvaise passe, l'autre peut l'aider et peut-être jouer un peu mieux, et vice versa. C'est comme ça toute la semaine, même à l'entraînement. On peut aussi parler de tout, personne ne doit cacher ses sentiments. On peut dire ouvertement que si l'on se sent mal ou très nerveux, les autres nous aident. Je pense que c'est ce qui fait la différence.»
Il n'y a que deux joueuses du top 12 ici. Les autres prennent-elles cette compétition par équipe moins au sérieux?
«C'est juste une question de priorité. La date est délicate, tout le monde est fatigué, le risque de blessure est donc encore plus grand. Ce n'est donc pas une semaine facile et cela demande beaucoup d'énergie. Pour moi, c'est tout simplement l'une de mes priorités. J'aime jouer pour mon pays, pour cette équipe. C'était déjà le cas lors des championnats d'Europe des moins de 12 ans, aux JO et en Fed Cup (ancien nom de la Billie Jean King Cup). J'ai toujours joué, sauf lorsque j'étais blessée. C'est un privilège pour moi.»
Vous finirez l'année au 13e rang mondial. Ce n'est pas mal, mais il manque un exploit comme l'année dernière avec le titre olympique. Quel est votre bilan?
«Je dirais aussi que c'était une bonne année, même si je n'en ai pas une super impression. J'ai gagné un tournoi sur terre battue, c'était super. J'ai atteint les demi-finales à Miami. C'était une année solide, mais pas incroyable. En fait, j'attendais davantage de moi.»
Le souci, ce sont surtout les résultats dans les tournois du Grand Chelem.
«Exactement. Là, je n'ai pas dépassé le troisième tour. D'un autre côté, c'est aussi positif pour l'année prochaine. Cela me permet de viser plus haut. Mais être numéro 13 mondial, ce n'est vraiment pas mal. En tout cas, la motivation est là pour me permettre de m'améliorer encore. J'ai encore beaucoup d'objectifs et maintenant un nouvel entraîneur qui peut certainement me montrer encore beaucoup de nouvelles choses. Je suis très contente qu'il ait décidé de travailler avec moi.»
Votre nouvel entraîneur s'appelle Dimitri Tursunov. Savez-vous déjà ce qui va concrètement changer?
«Nous sommes encore en train de faire connaissance. Nous allons discuter des détails. Mais il a une vision très logique et veut que l'on simplifie beaucoup les choses. La pensée du tennis féminin est en effet très différente de celle du tennis masculin. Cela m'aiderait beaucoup s'il pouvait m'apprendre à penser plus clairement sur le court.»
Parce que les femmes sont plus émotives?
«Je pense que oui. Les femmes sont plus compliquées à bien des égards (rires). Elles réfléchissent davantage, elles sont souvent en train de 'sur-réfléchir', et on ne devrait pas faire ça au tennis. J'espère qu'il pourra m'aider. Cela prend du temps, mais je n'ai que 25 ans, j'ai ce temps. Beaucoup de choses sont bonnes, mais je ne veux pas m'arrêter. Je ne veux pas me contenter de ce que j'ai accompli, mais tout essayer pour réussir.»
Tursunov est russe. A Paris vous avez joué en double avec l'Ukrainienne Angelina Kalinina. Avez-vous eu des réactions à la suite de son engagement?
«Non, pas vraiment. C'est évidemment très politique en ce moment, mais il n'est pas responsable de tout. C'est difficile avec tout le monde, Ukrainiens ou Russes, de savoir comment se comporter. Je n'en ai pas non plus parlé avec lui. Il est le meilleur entraîneur pour moi en ce moment. Qu'il soit chinois, russe ou américain n'a pas joué de rôle. Après tout, il vit aux Etats-Unis depuis l'âge de douze ans.»
Vous avez parlé de l'équipe tout à l'heure. Participerez-vous à la nouvelle United Cup en début d'année en Australie?
«Oui, nous y jouerons. L'équipe n'est pas encore définitive, mais Stan (Wawrinka), Hüsler, Stricker seront là. Je trouve ça cool, c'est enfin une vraie compétition mixte.»