Gaël Monfils «Ce sont des combats comme ça que je recherche»

AFP

31.5.2023

Gaël Monfils le sait: son match face au jeune Danois Holger Rune, 6e joueur mondial, jeudi lors du 2e tour de Roland-Garros peut très bien être son dernier rendez-vous avec le public parisien, lui qui oscille à 36 ans entre l'espoir de poursuivre et la difficile décision de mettre fin à sa carrière.

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31.5.2023

Il a d'ores et déjà prolongé ce qui semblait presque inéluctable. Son match épique face à l'Argentin Sébastien Baez, 42e joueur mondial de 15 ans son cadet, en cinq sets sur le court central de Roland-Garros en night session, a réuni tous les ingrédients d'un match que beaucoup espéraient pour le Français. Une victoire, la première seulement cette saison sur le circuit ATP, et une communion parfaite avec le public parisien, conclu par les larmes du joueur.

«Cool de jouer un Top 10»

Une performance qui lui offre un bonus inattendu, un deuxième tour face à un monstre, déjà 6e joueur mondial à 20 ans.

«Ca va être un gros match. Un Top 10 qui joue très très bien, il est jeune, il se déplace hyper bien, il est en confiance», a reconnu Gaël Monfils après sa victoire. «Je ne pars pas défaitiste, mais je suis quand même assez réaliste. (...) Lui il est Top 10, donc je ne suis pas favori. On va essayer de l’embêter (...), je vais essayer de me tirer une bonne bourre si possible. C’est cool de jouer un Top 10, c'est cool d’avoir cette chance-là.» Un discours où suinte une envie presque irrationnelle de continuer, alors que son corps, l'une de ses armes, clignote depuis plusieurs mois.

Perclus de crampes à la fin de son match contre Baez et sur le fil pendant les deux-tiers de la rencontre, son niveau de jeu décevant depuis son retour sur le circuit en mars à Indian Wells après sept mois d'absence suite à une blessure à la voûte plantaire, et sa récente paternité (une fille née en octobre de son union avec Elina Svitolina, ndlr) lui ont pourtant récemment fait entrevoir une fin de voyage qu'il espérait plus long.

«Dans ma tête, je voulais jouer plus longtemps que maintenant. Maintenant, j’ai d’autres priorités, ma fille est arrivée, il y a la triste loi du corps et du sport, de voir que c’est plus dur», avait-il expliqué au tournoi de Lyon quelques jours avant Roland-Garros. Il avait d'ailleurs reconnu que la fin était pour «bientôt». «J’ai envie de kiffer la fin, (...) il n’y a plus d’attentes à avoir sur moi», avait-il expliqué.

Un constat lucide. Depuis mars, l’ancien demi-finaliste et triple quart de finaliste du tournoi parisien, ancien membre du top 10 mondial retombé depuis à la 396e place mondiale, a perdu sept de ses neuf matches, dont une victoire par abandon.

Schizophrénie

Son retour devrait donc a priori sonner comme un épilogue. Mais Gaël Monfils a du mal à s'y résoudre, alternant dans ses déclarations entre la conscience d'une fin qui se rapproche et le désir d'être encore compétitif, une sorte de schizophrénie dont il a du mal à se défaire.

Il a d'ailleurs évoqué «la magie du sport» avant son match face à Rune. «Je sais que je vais avoir mal, encore. Et ça c’est terrible. C’est pour ça qu’on fait du sport. Si je veux gagner ce match, il va falloir que je me fasse mal et je suis prêt à me faire mal. Ce sont des combats comme ça que je recherche, c’est pour ça que je continue à jouer. Je commence à être de mieux en mieux et quand je serai bien, avant de partir, j'ai envie de les faire trembler ces petits Top 10!»

Quelques jours avant le début de Roland-Garros, dans l'espoir d'une très hypothétique qualification pour les Jeux olympiques de Paris, l'un des deux derniers Mousquetaires encore actif (avec Richard Gasquet, ndlr), il avait d'ailleurs décidé de changer son staff.

Après deux ans et demi de collaboration avec le duo d'Autrichiens Gunter Bresnik et Richard Ruckerhausen, il a choisi de s'entourer de la paire suédo-néerlandaise Mickaël Tillström-Peter Lucassen. La Monf' avait déjà collaboré avec le Suédois entre 2015 et 2018 et vécu la meilleure période de sa carrière, au cours de laquelle il a atteint le 6e rang mondial (2016), son meilleur classement.