Comme l'an dernier, Roland-Garros accouche d'un dernier carré féminin pour le moins inattendu: une «vieille» briscarde d'à peine 21 ans, Iga Swiatek, ultra-favorite du tournoi, contre la Russe Daria Kasatkina (25 ans), et Cori Gauff (18 ans) face l'Italienne Martina Trevisan (28 ans).
Certes, Swiatek, avec 33 victoires de rang au compteur, est tout sauf une surprise. Mais peu de monde avait anticipé le reste du casting. En cause, une nouvelle hécatombe dans le top 10 mondial. En 2021, avec Maria Sakkari (alors 18e), Tamara Zidansek (85e), Anastasia Pavlyuchenkova (32e) et Barbora Krejcikova (33e et future gagnante), c'était la première fois depuis 1968 qu'aucune des 10 meilleures mondiales n'apparaissait en demi-finale.
Cette année, le scénario a bien failli se reproduire: Barbora Krejcikova (2e mondiale, tenante du titre), Maria Sakkari, (3, demi-finaliste 2021), Paula Badosa (4), Anett Kontaveit (5), Ons Jabeur (6), Aryna Sabalenka (7), Karolina Pliskova (8), Danielle Collins (9) et Garbine Muguruza, (10) ont toutes été sorties dès la première semaine.
Seule Swiatek a sauvé l'honneur, pour atteindre sa troisième demi-finale au lendemain de son 21e anniversaire. Bien que chahutée en 8e de finale le temps d'un premier set perdu face à la Chinoise Qinwen Zheng (74e), la Polonaise n'a pas tremblé mercredi face à la pugnace Jessica Pegula (11e).
«J'ai appris à mieux gérer la pression et les attentes autour de moi. Aujourd'hui, je me sentais plus libérée par rapport aux tours précédents», a expliqué celle qui vient de remporter les cinq derniers tournois auxquels elle a participé.
«Montagne à gravir»
Alors sa future adversaire pourra-t-elle faire le poids? Kasatkina, 20e mondiale, découvrira le dernier carré d'un Grand Chelem, mais elle arrive en demi-finale sans avoir perdu le moindre set. «Demain, j'ai une autre montagne à gravir», a reconnu la Russe qui a perdu ses trois confrontations avec la Polonaise.
«Mais c'était différent, c'était sur dur, en début d'année. (...) Je veux gagner, j'ai la rage de vaincre, elle aussi. Ce sera un bon match», a-t-elle jugé, avant d'ajouter: «on ne sait jamais ce qui peut se passer en demi-finale d'un Grand Chelem». Swiatek elle-même ne veut pas être «trop confiante»: «je sais que je dois m'attendre à tout».
Précocité
Dans le bas du tableau aussi, tout peut arriver. Gauff est un phénomène de précocité. Elle s'était révélée en 2019 lorsqu'elle s'était hissée en 8e de finale à Wimbledon à seulement 15 ans, en sortant des qualifications. Elle est aujourd'hui 23e mondiale. Trevisan a elle atteint cette semaine le meilleur classement de sa carrière (59e).
Leurs points communs? Aucune n'a jamais participé au dernier carré d'un Majeur. Et toutes deux ont une revanche à prendre Porte d'Auteuil, après être tombées en quarts, l'an dernier pour l'Américaine et en 2020 pour l'Italienne. C'est cette année-là que les deux joueuses avaient disputé leur unique rencontre, et c'est Trevisan qui l'avait emporté au terme d'un match disputé.
Finale inédite
«J'avais fait beaucoup de doubles fautes, plus de 10. Je ne le referai pas cette fois-ci», a promis Gauff. «Mais pour être honnête, pour moi, demi-finale ou pas, c'est juste un match de plus. Ce qui m'importe, c'est la balle qui arrive devant moi. Et je donnerai tout ce que j'ai», a-t-elle prévenu.
Trevisan, qui a déjà fait chuter une autre jeune pousse prometteuse en quarts (Leylah Fernandez, 19 ans, finaliste du dernier US Open) sera tout aussi combative: «J'aime me battre, l'adrénaline, (...) je ressens plein d'énergie. (...) Je pense que je joue mon meilleur tennis et j'ai hâte de voir ce que l'avenir me réserve».
Seule certitude: quelle que soit l'issue du match, Roland-Garros aura une nouvelle fois une finale inédite.