US Open En 50 ans, de Billie Jean King à un prize money record

ATS

30.8.2023 - 11:00

Billie Jean King a donné son nom au centre national de tennis de New York, où se déroule l'US Open. Cette année, un hommage spécial est rendu à cette combattante pour l'égalité entre hommes et femmes dans le sport.

Billie Jean King, pionnière de l'égalité des droits pour les femmes.
Billie Jean King, pionnière de l'égalité des droits pour les femmes.
Keystone

Keystone-SDA, ATS

Avec 65 millions de dollars, l'US Open distribue le plus gros «prize money» de l'histoire des tournois du Grand Chelem. Billie Jean King n'aurait jamais pu rêver d'une telle somme en 1972, lorsqu'elle avait reçu 10'000 dollars pour sa victoire. A l'époque, c'était une somme rondelette pour le sport féminin – mais 15'000 dollars de moins que ce que le vainqueur masculin Ilie Nastase avait empoché.

Aujourd'hui âgée de 79 ans, lauréate de 12 titres du Grand Chelem en simple, Billie Jean King se souvient s'être énervée et avoir misé gros. «Ça sent mauvais», avait-elle dit, avant de se faire menaçante: «Si les femmes n'ont pas les mêmes revenus, je ne jouerai pas l'année prochaine. Et aucune autre femme non plus.» Elle n'avait alors pourtant pas l'accord des autres joueuses...

Les femmes populaires

«Une voix dans ma tête me disait : ‘Qu'est-ce que tu fais ? Et si elles n'étaient pas du même avis ?’», se souvient Billie Jean King. Mais l'autre voix dans sa tête était plus forte et lui répétait : «De toute manière nous ne ferons pas machine arrière». Les femmes revinrent à New York, car leur demande d'un prize money égal fut satisfaite en 1973. Des sponsors couvrirent la différence, que l'association américaine (USTA) ne voulait pas assumer à l'époque. Des sondages auprès des visiteurs du tournoi avaient montré qu'ils étaient plus nombreux à vouloir voir les femmes jouer que les hommes.

1973 fut également une année décisive pour les femmes du tennis : elles fondèrent la «Women's Tennis Association» (WTA), et Billie Jean King remporta le fameux «combat des sexes» contre l'ancien vainqueur de Wimbledon, Bobby Riggs, de 26 ans son aîné. 50 millions d'Américains étaient devant leur téléviseur, 90 millions dans le monde entier. C'est aujourd'hui encore le match de tennis le plus regardé de l'histoire. La victoire rapporta en outre à King 100'000 dollars, dix fois plus que le titre de l'US Open, plus prestigieux sur le plan sportif, douze mois plus tôt.

Bien en avance sur son temps

Billie Jean King, qui est passée du baseball au tennis à l'adolescence parce que ses parents trouvaient cela plus «féminin», est ainsi devenue une pionnière de l'égalité des droits pour les femmes, tout comme – plutôt involontairement – l'US Open. «Nous prenons cela pour acquis aujourd'hui, mais à l'époque, l'USTA était tellement en avance sur son temps», a souligné Stacey Allaster avant le début du tournoi de cette année. L'ancienne patronne de la WTA est depuis trois ans la première femme à diriger l'US Open. «Il ne fait aucun doute que le courage et le leadership de Billie nous ont ouvert les portes.»

A l'époque, l'US Open était effectivement très en avance sur son temps. Ce n'est qu'en 2001 que l'Open d'Australie a suivi, cinq ans plus tard Paris et en 2007 Wimbledon, le dernier des tournois du Grand Chelem à avoir sauté le pas. Aujourd'hui, sept des dix sportives les mieux payées au monde sont des joueuses de tennis. La gagnante de cette année recevra un chèque de 3 millions de dollars le 9 septembre.