Deux Zurichois de Rüschlikon feront leurs grands débuts en Grand Chelem mardi à Wimbledon, avec même de bonnes chances de passer un tour pour l'un d'entre eux. Marc-Andrea Hüsler et Alexander Ritschard sont aux anges.
«C'est comme un rêve de gosse qui devient réalité. Quand on est joueur professionnel, on pense forcément à Wimbledon», confie Ritschard, l'aîné des deux, qui, à 28 ans, aura le redoutable honneur d'affronter le Grec Stefanos Tsitsipas, no 5 mondial.
Ritschard (ATP 188) a acquis ce droit en franchissant les trois tours de qualification. Il ne s'attendait pas à se hisser pour la première fois dans le tableau principal d'un Majeur sur une surface comme le gazon.
La semaine précédente, au Challenger d'Ilkley (GBR), il avait fait piètre figure. «Je n'en ai pas touché une, j'étais perdu», dit-il en riant. Quelques séances d'entraînement plus tard, il apprivoisait l'herbe anglaise, au point d'aborder les qualifications de Wimbledon – qui se jouent en réalité à Roehampton – la raquette légère. «J'espère ne pas être gagné par la nervosité contre Tsitsipas», dit l'ex-étudiant de l'Université de Virginie qui, jusqu'à l'an dernier, représentait les Etats-Unis sur le circuit, avant de revenir en Suisse.
Cinq heures de taxi
Son collègue du Tennis-Club Seeblick, Marc-Andrea Hüsler, décrit ses grands débuts comme «la récompense d'un dur labeur». Ce grand gaucher (1m96) est passé par la galère de tournois improbables comme celui de Fergana, en Ouzbékistan, pour gagner ses galons. «Là-bas, j'ai pris le taxi de Tachkent à Fergana. Cinq heures de route, de nuit, à travers les montagnes. Le chauffeur dormait à moitié, et tous les 10 ou 20 kilomètres, nous étions arrêtés par des soldats ou des policiers lourdement armés», se souvient-il.
Les charmes de Wimbledon et de ses fraises à la crème constituent un contraste bienvenu. Classé 105e mondial, Hüsler peut réussir un joli coup mardi. La victoire contre le Français Hugo Grenier (ATP 141), lucky-loser, lui tend les bras, avant, le cas échéant, un duel flatteur au 2e tour contre Matteo Berrettini, finaliste l'an dernier. En tous les cas, Hüsler a de bonnes chances d'être admis directement dans le tableau principal de l'US Open dans deux mois.
A défaut de pouvoir marquer des points ATP dans ce Majeur particulier qui n'en distribue pas cette année, les deux Zurichois engrangent de l'expérience. «C'est le plus important», relève Hüsler, qui ne s'attarde pas sur les 59'000 francs – une prime certes bienvenue – que vaut l'accès au 1er tour principal.