Gstaad aurait dû accueillir cette semaine le Swiss Open. Le tournoi a perdu de son prestige au cours des dernières décennies, alors qu'il avait reçu une deuxième fois le trophée de «tournoi de l'année» de l'ATP en 1996. Mais il tient bon.
Les chiffres sont là: alors que l'affluence hebdomadaire se montait à quelque 45'000 spectateurs il y a peu, elle dépassait à peine les 20'000 personnes lors des dernières éditions. Le soufflé est largement retombé, notamment depuis que Roger Federer ne fait plus du tournoi bernois un passage obligé.
Les événements se sont enchaînés depuis le début des années 2000 et la fin du règne de Jacques «Köbi» Hermenjat, directeur du tournoi de 1968 à 2005. La «guerre» – terme qu'il utilise lui-même pour décrire le conflit l'ayant opposé à Swiss Tennis et à la Commune de Saanen pour la vente des droits de l'épreuve – n'a pas aidé.
Le changement de dates non plus. Placé auparavant durant la semaine qui suit directement Wimbledon, le Swiss Open se déroule désormais deux semaines plus tard. Il est impensable de revivre les mêmes scènes de liesse qu'en 2003 ou en 2004, lorsque Roger Federer avait été accueilli en héros au lendemain de ses sacres à Wimbledon.
Les erreurs du passé et le "Wimbledon des Alpes"
A la fin juillet, de nombreux joueurs ont ainsi déjà rejoint l'Amérique du Nord pour l'US Open Series. En 2021, Gstaad devra composer avec la concurrence d'Atlanta, mais pas seulement: le tournoi olympique de Tokyo est en effet aussi prévu durant la même semaine que le Swiss Open.
Le changement de dates, validé au printemps 2006 par l'ATP, n'explique évidemment pas tout. Dans ses plus belles années, le tournoi a indirectement subventionné d'autres événements de la région comme le Menuhin Festival, Cinémusic, les tournoi de beachvolley ou de polo, perdant ainsi une part de ses bénéfices.
A la baisse de l'intérêt du public, pas prêt à patienter jusqu'à 17h30 pour assister à l'affiche de la journée, s'ajoute une certaine perte de confiance des joueurs. Parmi eux, on n'a pas oublié l'épisode de la garantie financière qui n'avait pas été versée à Rainer Schüttler au début des années 2000, alors que c'était le neveu de Jacques Hermenjat, Claudio, qui tenait les rênes...
Elle semble loin l'époque où l'on avait versé 10'000 dollars supplémentaires à Guillermo Vilas pour s'assurer qu'il débarque à Gstaad au bras de la princesse Caroline de Monaco. Ou celle où l'on avait donné au tournoi le surnom de «Wimbledon des Alpes», en 1973, lorsque son plateau était plus relevé que celui du «Major» londonien, boycotté par les joueurs professionnels.
Au bord de la faillite
Mais, il ne faut pas l'oublier, le tournoi était au bord de la faillite lorsque Swiss Tennis et Grand Chelem ont repris les commandes en 2005. Ils regretteront le changement de dates, ainsi que le refus de l'ATP d'autoriser le passage de la terre battue au gazon pour l'édition 2015. Rien n'aurait été aisé, de toute manière.
Le directeur du tournoi Jean-François Collet l'assure, l'édition 2021 du Swiss Open Gstaad – prévue à partir du 26 juillet dans le calendrier provisoire de l'ATP – est cependant d'ores et déjà assurée. Cette épreuve est désormais un tournoi de niche, un «bijou», petit par la taille mais grand par la beauté. De grands noms continueront d'inscrire leur nom à son palmarès.