Il y a 23 ans Il y a 23 ans, Martina Hingis triomphait à Wimbledon

ATS

5.7.2020

Qui se souvient de Lottie Dod? Quelques historiens du tennis – et Martina Hingis. Le 5 juillet 1997, la St-Galloise était en effet devenue la première joueuse de moins de 17 ans – et la dernière en date – à triompher à Wimbledon depuis Lottie Dod 110 ans auparavant.

Le 5 juillet 1997, Martina Hingis était sacrée à Wimbledon après sa victoire face à Jana Novotna.
Le 5 juillet 1997, Martina Hingis était sacrée à Wimbledon après sa victoire face à Jana Novotna.
Keystone

«J'avais même effectué pour l'occasion un shooting photo dans la tenue originale de Lottie Dod», se souvient Martina Hingis, qui a accueilli Keystone-ATS à Wollerau où elle s'occupe de juniors. «Et cette tenue m'allait», rigole-t-elle.

La St-Galloise de 39 ans a d'ailleurs sa petite idée sur l'une des raisons du sacre de Lottie Dod en 1887: «Comme elle n'avait que 15 ans, elle avait le droit de porter une robe tombant au-dessus des chevilles. Les tenues de ses rivales touchaient quasiment le gazon.»

Un avantage, certes. «Mais elle savait certainement aussi très bien jouer au tennis», enchaîne le sourire aux lèvres Martina Hingis, parfaitement consciente que la Britannique a remporté à cinq reprises le simple dames du mythique tournoi londonien.

«Je voulais faire honneur à mon statut»

Martina Hingis avait pour elle un seul «avantage» à l'heure d'entamer l'édition 1997 de «The Championships»: celui d'être, et de loin, la meilleure joueuse du monde. La date du 5 juillet ne compte guère pour elle. «Le 31 mars 1997, date à laquelle je suis devenue le plus jeune no 1 de l'histoire (réd: à 16 ans et 152 jours), est bien plus important», glisse-t-elle.

Ce titre conquis à Wimbledon – où elle a également triomphé cinq fois en double et en mixte – signifie en revanche beaucoup à ses yeux. La St-Galloise, qui avait gagné 35 de ses 36 premiers matches de simple disputés en 1997 en débarquant à Londres, voulait prouver que sa défaite subie en finale à Roland-Garros n'était qu'un incident de parcours.

Martina Hingis avait manqué de force face à Iva Majoli au stade ultime de la compétition à Paris (défaite 6-4 6-2), elle qui n'avait pas joué de tournoi de préparation en raison d'une blessure au genou gauche subie lors d'une chute à cheval au printemps. «A Wimbledon, j'étais à nouveau la grande favorite. Je voulais faire honneur à ce statut», lâche-t-elle.

L'ex-petite princesse de Trübbach affirme ne pas avoir ressenti la moindre pression durant cette quinzaine londonienne. Pas même avant la finale. «C'était très rare que je dorme mal», se remémore-t-elle. «Cela m'est arrivé une fois en 1997, avant la finale de l'US Open face à Venus Williams. J'étais très nerveuse, j'avais mal dormi.» Ce qui ne l'avait pas empêchée de s'imposer 6-0 6-4.

«Si ce n'est pas pour cette année...»

Venus Williams, qui avait déjà fêté ses 17 ans à l'heure de défier Martina Hingis à Flushing Meadows, ne figurait alors pas parmi les têtes de série. Ce n'était en revanche pas le cas de Jana Novotna, son adversaire en finale à Wimbledon deux mois plus tôt: la Tchèque, âgée de 28 ans, était la tête de série no 3 sur l'herbe anglaise.

«Je me suis alors dit, si ce n'est pas pour cette année, ce sera pour la prochaine», raconte Martina Hingis, qui a toutefois eu l'heureuse idée de ne pas laisser passer cette opportunité: battue en demi-finale en 1998 par la future lauréate... Jana Novotna, elle n'allait plus jamais atteindre la finale en simple à Church Road!

Décédée en 2017 des suites d'un cancer, Jana Novotna avait ému les fans de tennis lors de l'édition 1993 de Wimbledon, fondant en larmes sur l'épaule de la Duchesse de Kent après s'être inclinée en finale face à Steffi Graf. Une finale dans laquelle elle avait, il est vrai, mené 4-1 au troisième set.

«Je n'imaginais pas une seconde qu'elle puisse souffrir autant sur le plan mental face à moi», explique Martina Hingis, qui avait elle aussi perdu le set initial. «Mais ça m'avait donné de l'espoir», concède la St-Galloise, qui avait trouvé les ressources pour inverser la tendance et s'imposer 2-6 6-3 6-3.

Une nouvelle robe pour l'occasion

Martina Hingis se souvient parfaitement des instants ayant suivi son triomphe. «14'000 spectateurs se lèvent d'un coup pour t'acclamer. Tout est si spécial à Wimbledon, avec la famille royale, la Duchesse de Kent qui remet le trophée. Un trophée que tout le monde n'a pas le bonheur de pouvoir tenir dans ses mains», sourit-elle.

La St-Galloise s'était offert un après-midi de shopping à Londres au lendemain de son sacre, pour trouver la robe idéale dans l'optique du Champions Dinner. «Je l'avais bien mérité», rigole Martina Hingis, qui craignait de devoir danser avec le vainqueur du simple messieurs (Pete Sampras).

«Je ne savais pas que cette tradition avait été abandonnée», lâche Martina Hingis, pour qui «Wimbledon n'est pas plus important que les autres titres du Grand Chelem. Mais je suis ravie de l'avoir à mon palmarès», souligne-t-elle. «Et j'échangerais volontiers l'un de mes trois titres de l'Open d'Australie contre un sacre à Roland-Garros. Mais pas celui conquis à Wimbledon.»

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