C'est peut-être bien ce jour-là que Roger Federer a pris pleinement conscience de son immense potentiel. Le 2 juillet 2001, le Bâlois a signé le premier grand exploit de son immense carrière en sortant le quadruple tenant du titre Pete Sampras en 8e de finale à Wimbledon.
Le public du Centre Court était sous le charme d'un jeune homme qui, à 19 ans et 11 mois, avait parfaitement su gérer ses émotions pour s'imposer 7-6 5-7 6-4 6-7 7-5 en 3h41' face à l'une de ses idoles de jeunesse. En pratiquant un jeu offensif bien plus efficace à cette époque, alors que le gazon était encore une surface rapide.
«J'espérais cet affrontement»
«C'est certainement l'un de ces matchs, si ce n'est le match, dont je me souviens le mieux», lâche Roger Federer, qui avait noté dès le tirage au sort qu'un tel duel était possible. «J'espérais cet affrontement. Mais Sampras a souffert. C'était contre Barry Cowan je crois, contre qui il avait eu besoin de cinq sets», se souvient-il.
Qui d'autre que Roger Federer pourrait se rappeler que Barry Cowan, un Britannique jamais mieux classé que 162e à l'ATP, avait failli battre Pete Sampras en 2001 à Wimbledon? Les défaites de «Pistol Pete» sur gazon étaient il est vrai presque aussi rares à l'époque que celles de Rafael Nadal sur terre battue.
L'Américain avait remporté sept des huit derniers titres sur le gazon londonien, où il restait sur 31 succès d'affilée. Il connaissait le talent de son jeune adversaire. Mais «on ne sait jamais avec un jeune joueur comme lui comment il va gérer les grands moments», se souvient Paul Annacone, alors coach de Pete Sampas.
«Ma première fois sur le Centre Court»
Roger Federer ne le savait pas non plus à l'époque. «C'était ma première fois sur le Centre Court. Je me souviens encore exactement de mon entrée, de mes mains glacées. C'était déjà un sentiment incroyable pour moi de voir Pete Sampras de l'autre côté du filet et de jouer ici face à lui», lâche-t-il.
Malgré sa tension, le Bâlois avait entamé de manière idéale cette partie, ce qui lui avait permis de se débarrasser de sa nervosité. Même la perte des deuxième et quatrième sets ne l'avait pas ébranlé. «Je n'aurais pas voulu être ailleurs que dans le cinquième set à 4-4, quand la marge est devenue infime pour lui aussi», lâche-t-il.
A 4-4, Roger Federer avait dû écarter deux balles de break, grâce à une volée et à un coup droit puissant. Il avait remporté ses deux derniers jeux de service, saisissant sa première opportunité de conclure à 6-5 15/40 en armant un retour de coup droit gagnant le long de la ligne.
Deux ans à patienter
Roger Federer a beaucoup appris de cette victoire. Malheureusement pour lui, sa première leçon est survenue deux jours plus tard, avec cette défaite en quatre sets (7-5 7-6 2-6 7-6) subie en quart de finale face à Tim Henman. Alors qu'il avait certainement les moyens de cueillir un titre enlevé par l'invité Goran Ivanisevic.
Le Bâlois n'avait pas su gérer son succès obtenu face à Pete Sampras. Plutôt que de rester dans sa bulle, il avait cédé aux nombreuses sollicitations de ses amis et de la presse lors de sa journée de repos, laissant bien trop d'influx au passage. Il avait manqué son quart de finale.
Roger Federer avait d'ailleurs mis deux ans pour exploiter enfin le potentiel aperçu ce 2 juillet 2001 et décrocher sur le gazon londonien le premier de ses 20 titres majeurs, en juillet 2003. Après avoir mis cette fois-ci moins d'un mois pour retenir une leçon en digérant l'échec inattendu subi au 1er tour à Roland-Garros.