US Open «Le tournoi est un zoo, une attraction, c’est plus du tennis»

Rappaz Arthur

4.9.2022

Bastien Fazincani (coach de la Hongroise Panna Udvardy, 78ème) s'est confié sur l'état inquiétant des tournois de Grand Chelem. Présent dans les quatre plus grands rendez-vous de la saison tennistique, il a témoigné de l'évolution des conditions de travail des joueurs et des coachs lors des tournois.

L'US Open attire des dizaines de milliers de spectateurs.
L'US Open attire des dizaines de milliers de spectateurs.
Keystone

Rappaz Arthur

Sa réflexion s'est portée en premier lieu sur les zones d'accoutumée propres aux joueurs et aux coachs : «Ici, il n’y plus aucune « Player’s Area » où tu es un peu tranquille, où tu peux discuter, débriefer, souffler, te reposer, manger dans le calme, on est constamment dans un brouhaha incessant.». Dans de telles conditions, il a commenté que de travailler avec sérieux avant des rencontres fondamentales devenait rapidement «un calvaire».

Ce surplus de bruit et de passage s'explique facilement pour le coach : «Tout le monde a accès partout : agents ou sponsors, contacts ou connaissances de untel, parce qu’en fait dès que tu connais machin qui peut t’avoir une accréditation, ça y est tu tapes l’incruste et tu viens te montrer, taper la discute ici et là avec tout le monde et n’importe qui ».

Son témoignage interroge sur la révolution commerciale et économique de ces instances tennistiques, et sur les limites à potentiellement fixer pour que le tennis ne devienne pas un sport uniquement d'image et les sportifs des bêtes de foire à la merci d'un public qui désire son selfie ou son autographe au détriment des performances. 

«Au final, il y a donc plein de gens qui ne devraient rien avoir à faire là, dans ces zones supposées être réservées aux joueurs et leur staff. Du coup, cela devient vraiment dur de bosser, c’est un zoo, une attraction, c’est plus du tennis. Les gens n’ont aucune gêne, ils viennent t’interrompre en pleine discussion avec ton joueur, ils comprennent pas que toi tu bosses, te reposes ou te concentres. Les Grands Chelems deviennent presque des parcs à thème où tu exposes les joueurs au public qui a les pleins pouvoirs.»

Ces dérives, Bastien Fazincani, les pointe ironiquement : «L’an prochain on pourra peut‐être acheter des tickets pour manger au même resto que les joueurs, et les membres Amazon Prime auront le droit de manger à la table de Rafa et même de prendre part au debrief de match. ».

Si le ton se veut humouristique, il n'en reste pas moins qu'il faudra rester attentif aux écoutes des joueurs et des coachs pour rester dans un écosystème sain pour les acteurs principaux de ce sport.