Roland-Garros "Les joueurs commencent à être assez inquiets"

ATS

29.8.2020

Les organisateurs de Roland-Garros rêvaient d'accueillir jusqu'à 20'000 spectateurs par jour malgré le COVID-19. Mais ce scénario semble de plus en plus improbable après le véto mis par le Premier ministre à toute dérogation en zone rouge à la jauge des 5000 personnes.

Nicolas Mahut n'a pas caché ses craintes quant au protocole sanitaire de Roland-Garros.
Nicolas Mahut n'a pas caché ses craintes quant au protocole sanitaire de Roland-Garros.
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L'annulation était redoutée, il y a eu un report. Le huis clos semblait envisagé, il y aura a priori du public. Mais combien? La question est d'importance car la Fédération française de tennis (FFT) vit des revenus de son tournoi phare: 255,4 millions d'euros sur un budget total de 325 en 2019. Sur cette somme, la billetterie (519'901 spectateurs sur la quinzaine) a compté pour 18% auxquels il faut ajouter également 18% d'hospitalités.

Le 2 juillet, en relançant la billetterie des Internationaux de France après l'annulation de la première mise en vente et le remboursement de la totalité des billets, la FFT a assuré que l'enceinte de la Porte d'Auteuil accueillerait jusqu'à 20'000 personnes par jour sur l'ensemble de ses courts pour l'édition 2020 reprogrammée du 27 septembre au 11 octobre, soit «de 50 à 60% de sa jauge habituelle». Ainsi, 10'000 places ont été mises en vente pour chacune des finales.

Depuis, officiellement, la FFT ne démord pas de ce chiffre en soulignant les précautions mises en place pour assurer la sécurité sanitaire de la population sur le site (joueurs, spectateurs, médias, staff).

Mais le Premier ministre français Jean Castex a remis en question cette jauge le 26 août en annonçant qu'il ne serait «plus possible à l'autorité préfectorale de déroger» à la jauge maximale de 5000 personnes «dans les départements rouges», qui englobent le site de Roland-Garros dans l'ouest parisien.

Bras de fer avec la préfecture

Et de source proche du dossier, le préfet de police de Paris Didier Lallement a la ferme intention d'appliquer à la lettre la consigne gouvernementale. Résultat pour Roland-Garros qui ne pourrait plus accueillir qu'un total de 5000 spectateurs par jour sur l'ensemble des courts: nouveau remboursement des billets vendus, troisième billetterie, pertes financières.

Au-delà de la jauge, les questions techniques sur le flux de spectateurs sur le site et les voies d'évacuations sont soulevées pour justifier une remise à plat de ce qu'avait décidé la FFT en accord avec les autorités il y a plusieurs mois, dans un autre contexte. Une réunion interministérielle est prévue la semaine prochaine sur la question. «Clairement, la tendance n'est pas bonne, a indiqué vendredi une source proche du dossier. La crainte c'est aussi de créer un précédent, et que d'autres s'y engouffrent.»

Les joueurs «inquiets»

L'une des pistes, notamment évoquée par la ministre des Sports Roxana Maracineanu mais qui ne semble pas convenir à la préfecture, serait de fractionner le complexe de Roland-Garros pour rendre chacun des grands courts (Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen et Simonne-Mathieu) totalement indépendants afin de multiplier les zones à 5000 spectateurs. «Le moment venu, il y aura des précisions», a simplement commenté le directeur général de la FFT Jean-François Vilotte.

De leur côté, depuis la bulle de New York, où la Fédération américaine (USTA) a organisé l'US Open à huis clos et dans des conditions sanitaires drastiques, les joueurs commencent à se poser des questions sur leur sécurité à Roland-Garros. «C'est très rigoureux, très strict (...) mais en même temps c'est rassurant. Quand tu es dans la bulle, il n'y a aucun risque de contamination», a ainsi confié Nicolas Mahut à Eurosport, un mois exactement avant le début du tournoi parisien.

En revanche, «on n'a aucune nouvelle du protocole qui sera mis en place à Roland-Garros et les joueurs commencent à être assez inquiets. Beaucoup disent qu'ils aimeraient que les conditions soient les mêmes à Roland-Garros (qu'à Flushing Meadows) et, très honnêtement, je ne vois pas comment il va être possible de faire la même chose à Paris, comme créer une bulle autour des joueurs en autorisant du public», a ajouté le no 3 mondial de double.

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